Objet : Persévérants et solidaires

14 février 2025

Le contexte dans lequel nous vivons actuellement laisse, plus souvent qu’autrement, un goût amer en bouche. Peu importe l’angle sous lequel on en fait l’analyse, on dirait que l’on baigne dans les plaies ouvertes d’un monde atteint d’un mal incurable. Que l’on s’attarde à la politique, l’économie, l’environnement ou encore la justice sociale, on dirait qu’il n’y a nulle part où ça va bien. Et pourtant, on continue. On passe à travers sa vie à coup de journées1. On observe, on critique, et rapidement, on se résigne et on replonge dans la broue du quotidien.

Je me pose souvent les questions suivantes : Comment peut-on motiver les gens à se mobiliser même quand les causes leur semblent si loin de leur réalité ? Est-ce qu’agir nécessite qu’il se produise un événement choquant, quelque chose qui nous secoue suffisamment pour que notre instinct de protection s’active et qu’il nous pousse à s’engager pour que les choses changent ? Comme l’annonce d’une maladie nous amènerait à revoir nos priorités ou à réparer des relations; comme une catastrophe naturelle éveillerait l’empathie, la générosité et l’entraide.

L’an dernier, nous nous sentions directement interpellés par le renouvellement des conventions collectives. Nous étions visibles à nous indigner, solidairement, pour des conditions de travail décentes en Éducation et nos voix, unies, ont mené à terme la signature d’une entente. C’était notre cause commune, celle qui soulevait les passions des collègues de partout sur le territoire de la province !

L’impression du retour à la normale qui s’installe depuis me heurte puisque la lutte de certains de nos collègues enseignants et du personnel de soutien n’est pas terminée. Les employés du Nord-du-Québec sont toujours en revendication de conditions de travail convenables et ils militent pour que le Conseil du trésor considère les besoins criants et spécifiques de cette région et des Peuples qui y vivent. Les problèmes du réseau scolaire qui affligent notre quotidien et qui ébranlent notre volonté à poursuivre dans nos professions, sont aussi présents chez le personnel des commissions scolaires crie et Kativik, mais à la puissance dix. À cela s’ajoutent les difficultés d’approvisionnement, de transport, d’absentéisme, d’accès à l’eau potable et les pénuries importantes de logements et de personnel.

Le Nord-du-Québec a besoin de stabilité et ce que les représentants syndicaux de nos collègues clament au gouvernement, c’est de donner au système social de cette région les moyens pour devenir attirant et ainsi diminuer les disparités. Quand les fondements de l’instruction publique sont bâtis sur le respect de l’égalité des chances, comment se fait-il qu’après plus de deux ans de négociations, il n’y ait toujours pas d’entente qui permettrait de faire rayonner ce principe pour ces populations. C’est injuste et aberrant.

Pour tenter d’améliorer leur sort, comme nous, ils ont fait la grève. Toutefois, ils doivent réitérer : trois jours supplémentaires, peut-être plus. Cette situation n’est-elle pas discriminatoire et inéquitable ? Lorsque nous étions à bout de souffle, l’an dernier, ils l’étaient comme nous. Aujourd’hui, ils doivent continuer mais sans la force du nombre et balayés par les artifices américains qui accaparent la couverture médiatique.

Comment pouvons-nous militer avec eux ? En nous rappelant que nos collègues du Nord négocient activement pour convenir de conditions de travail respectables et attrayantes; en ce sens, en utilisant leur visuel sur nos réseaux sociaux par solidarité. En prenant de leurs nouvelles par l’entremise des articles et reportages diffusés par plusieurs médias. En incluant leur réalité dans nos discussions professionnelles et personnelles, élargissant par le fait même notre vision de l’Éducation au Québec. Et surtout, en reconnaissant la persévérance immense dont ils font preuve.

Solidarité !

Geneviève Bourbeau

Coordonnatrice

1.Le Train. Vilain Pingouin. 1990

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