Objet: Rappel amical

16 janvier 2025

Les derniers discours de notre gouvernement, au sujet de l’éducation, ont beaucoup changé depuis le début de l’année scolaire. C’est drôle, n’est-ce pas ? Alors que nous entendions messieurs Drainville et Legault sur la place publique, ressasser les bons coups de la CAQ quant à ses investissements pour l’École québécoise, parce qu’on s’en souvient, « l’éducation c’est la priorité des priorités », par les mois qui ont suivi, il n’a été question que de coupures et de restrictions budgétaires.

Chaque fois, c’est à coups de millions que notre gouvernement a coupé dans « ses généreux investissements ». S’est-il dit : « On va commencer par l’enveloppe destinée au maintien et à la construction des bâtiments puisque ce n’est pas vraiment important » ? Puis, dans sa belle analyse de la situation, son équipe s’est prononcée pour amputer l’enveloppe destinée à l’enseignement de la langue française, mesure qui permet aux familles, ayant choisi le Québec pour terre d’accueil, de réussir leur intégration. S’est-il dit : « De toute façon, on n’est pas d’accord avec le fédéral et ce n’est pas notre mandat, donc on va leur montrer ! » ? Mais, ces coupures importantes n’ont pas suffi ! C’est ainsi que la CAQ a choisi l’option de l’embargo pour le recrutement de personnels en éducation et d’autres secteurs de la fonction publique. Ses membres ont-ils réfléchi collectivement et conclu que « peu importe la hauteur de l’économie, on l’fait ! » ?

Puis, le 18 décembre dernier, alors que les esprits se centraient davantage sur l’effervescence de l’arrivée du temps des fêtes, le gouvernement Legault a profité de l’occasion pour annoncer ses nouvelles coupures en éducation : 200 M $ ! « Nous avons [quelques] contraintes budgétaires », a évoqué furtivement Bernard Drainville, « mais, soyez assurés que cela n’aura AUCUN impact sur les services aux élèves ! ». Est-ce que la CAQ a prémédité le moment de cette révélation, convaincue que rien ne peut rivaliser avec l’attention que suscite le congé des fêtes ? Rusée, n’est-ce pas ?

Alors, Messieurs Legault et Drainville, Madame Lebel, ce « rappel amical » est pour vous. Sabrer dans les budgets déclenche des répercussions négatives. Ce que vous faites, lorsque vous affirmez à la population que toutes ces mesures administratives n’auront aucune incidence, c’est banaliser vos décisions austères, c’est camoufler vos moyens de pression politiques. Est-ce pour la rassurer, pour reconquérir sa confiance ébranlée envers votre gestion, pour voir votre popularité grimper dans les sondages ?

Des compressions majeures, telles que vous les initiez, impactent inévitablement le réseau scolaire et ses acteurs. Comprenons-nous bien, cela veut dire que vous attaquez vous-mêmes les jeunes, en compromettant leurs conditions d’apprentissage et de vie scolaire; vous donnez l’assaut vous-mêmes à tout le personnel qui tient à bout de bras l’école publique; vous exacerbez le phénomène de désertion. Sachez-le, il y a des limites à ce que nous pouvons endurer comme affront et imposture.

Mes chères et chers collègues, au travail, cette année 2025 sera porteuse de belles réalisations, de moments de bonheur, mais aussi, il y aura des doléances. Nous le savons déjà. Ce que je nous souhaite alors, comme vœux du Nouvel An, c’est d’avoir à l’esprit notre devise « Je me souviens ». Trois mots. Si simples, mais si éloquents de sens. Qui s’adressent à notre mémoire. Je vous les souffle pour nous rappeler toutes les luttes que nos prédécesseurs ont menées pour faire vivre et rayonner notre réseau scolaire; pour nous souvenir que le passé a connu ses malheurs et aussi ses gloires au terme d’efforts et de solidarité collective. Soyons encore ces pionniers pour ceux qui suivront !

Geneviève Bourbeau

Coordonnatrice