Objet : Gel de recrutement du 1er novembre 2024

21 novembre 2024

J’aimerais revenir sur un sujet qui a fait l’objet « d’annonces-choc » en octobre dernier : le gel de recrutement. En effet, le Conseil du trésor, ayant adopté des mesures restrictives pour contrôler l’ensemble des dépenses de ses ministères, a mandaté les sous-ministres responsables d’annoncer qu’à partir du 1er novembre 2024, aucune embauche ne serait faite pour remplacer le personnel qui, pour une raison ou une autre, quitte ou s’absente en laissant une chaise vide à combler.

Alors que les centres de services scolaires devaient être épargnés par cette mesure austère, on s’est quand même donné la peine de prévenir les représentants du personnel de soutien des impacts que cela pourrait avoir sur leurs membres. Se sont enchaînés, convocation de dernière minute, annonce précipitée, promesse de n’y voir aucune différence, prétention de protéger les services directs aux élèves puis, détails supplémentaires à venir. Eh bien, en voilà de la déclaration d’course !

Je me rappelle, c’était un vendredi. Nous avons accueilli cette affirmation comme une bombe de stupéfaction. L’amélioration des conditions de travail pour le personnel de soutien était la pierre angulaire des demandes lors des dernières négociations. Commençant à peine à appliquer les nouvelles conventions collectives, voilà que, sans même attendre de voir comment ces changements engendreraient la rémission d’une partie du réseau, le gouvernement a choisi de restreindre l’apport d’eau au moulin. Mais, sans savoir vraiment comment il allait s’y prendre.

Dans l’art de semer la confusion et l’incertitude, je peux dire que notre gouvernement nous a livré une belle performance. Il a ouvert grand la porte pour laisser planer le doute sur les torts que le personnel de soutien aurait encore à encaisser, sur les impacts réels qui se répercuteraient dans les milieux, sur la recrudescence de la précarité ou encore sur les efforts vains à valoriser et à rendre attirants les emplois de soutien. Il ne restait plus qu’à patienter… Mais, attendre… ça devient long et plus ça s’étire dans le temps, plus l’insécurité s’installe. On se surprend parfois à s’encourager parce que rien ne se passe, parfois à s’enliser dans un scénario dramatique. Je trouve juste que c’est malmener le réseau et les êtres humains qui y travaillent. Difficile alors de cultiver notre sentiment de confiance envers ces dirigeants qui sont censés avoir les pouvoirs de faire de l’École, un lieu de travail honorable.

Est-ce qu’on pourrait l’échapper belle ? Admettons qu’on y croit. Et que l’on choisit l’optimisme. Dans une communication arrivée tout récemment, trêve de suspense pour le réseau scolaire, la sous-ministre, Madame Arav, énumérait tous les cas pour lesquels le gel de recrutement ne s’appliquait pas : le personnel offrant des services directs aux élèves, celui affecté à l’établissement scolaire et celui travaillant dans l’école dans le cadre de services centralisés, le personnel détenant une promesse d’embauche faite avant le 1er novembre, le personnel saisonnier ou cyclique bénéficiant d’un droit de rappel, les étudiants et les stagiaires. Aussi, elle stipulait qu’un processus d’exemption était prévu pour permettre l’embauche de personnel en services indirects aux élèves sous autorisation exceptionnelle.

Peut-être qu’à ces conditions, on peut espérer qu’effectivement le Conseil du trésor jugera opportun d’assouplir ses mesures de contrôle et d’y mettre fin pour éviter de ne pas creuser lui-même la fosse de son réseau scolaire. Un gel d’embauche crée forcément une surcharge de travail pour ceux qui restent. Alors, nous serons là pour le leur rappeler.

Geneviève Bourbeau
Coordonnatrice