20 novembre 2024
On dirait que, chaque mois, la CAQ sort un nouveau lapin de son chapeau. Elle nous annonce qu’il n’y a plus d’argent pour la francisation… Et pouf ! Elle accorde une hausse salariale aux cadres de Santé Québec. Je comprends mal la récente décision du gouvernement de réduire drastiquement les investissements en francisation.
Cette mesure découle d’une chicane entre les gouvernements provincial et fédéral sur les droits en immigration. Mais, c’est un calcul coûteux pour la société québécoise. Derrière cette querelle de voisinage se cachent des réalités humaines : des enseignants spécialisés en francisation ont perdu leur emploi et des immigrants se retrouvent sans soutien pour apprendre la langue de leur terre d’accueil.
Pour ces nouveaux arrivants, cette décision fait entrave à leur intégration sociale qui passe inévitablement par l’apprentissage de la langue française. Franciser les adultes permet aux parents de soutenir leurs enfants qui fréquentent l’école au secteur des jeunes. C’est leur porte d’entrée vers le marché du travail, contribution essentielle à l’essor économique de la société québécoise.
Pour nos collègues de la francisation, cette décision a été un véritable coup de massue. La mission première des enseignantes et des enseignants est d’éduquer et de former des citoyens capables de participer pleinement à la société québécoise. La CAQ leur a retiré cette mission, préférant la confier au ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI).
À cela s’ajoute un stress immense lié à l’incertitude de la perte d’emploi. Pour un gouvernement qui prétend faire de l’éducation une priorité, le décalage entre son discours et ses actions montre une gouvernance incohérente qui laisse de côté des acteurs de la société voulant participer, la population immigrante et le personnel enseignant de la francisation.
Que reste-t-il à la société québécoise ?
Que reste-t-il à la société québécoise ? Accepter cette chicane puérile et surtout, cette décision irresponsable, représenterait un échec collectif. Comment construire une cohésion sociale si nous tournons le dos à ceux que nous avons choisi d’accueillir ? Comment bâtir un avenir inclusif sans investir dans le vecteur socioculturel qu’est la francisation?
La réponse est simple. Nous avons la chance de vivre dans une démocratie saine. Les récents sondages montrent une baisse de popularité de la CAQ qui n’est pas surprenante. Les Québécoises et les Québécois n’adhèrent plus aux discours démagogiques et aux décisions électoralistes.
Ce rejet croissant par l’électorat traduit une ligne claire que devraient comprendre nos décideurs : l’avenir du Québec n’est pas une bâtisse que l’on peut reconstruire tous les quatre ans.
Nous sommes une terre d’accueil, le français y est un pilier absolu et l’éducation une priorité établie. La francisation, ce n’est pas une ligne dans un budget comptable. C’est un investissement à long terme dans la richesse humaine et dans l’inclusion économique. C’est un vecteur de croissance autant que les projets comme Northvolt. Ignorer cela revient à tourner le dos à ce qui fait la force de notre nation. Le gouvernement doit revenir sur sa décision et offrir un financement en francisation à la hauteur des besoins réels dans les milieux.