Un ramassis de demi-vérités

8 novembre 2024

Si vous avez écouté récemment l’une des vidéos produites par Éducation Québec, vous avez probablement effectué le même constat que nous. Cette capsule, jouée avec un ton infantilisant, transmet un message constitué d’un ramassis de demi-vérités.

Ce n’est pas la seule capsule produite par le gouvernement, mais c’est la plus problématique! Car bien que nous saluions l’intention de relever le positif de la profession enseignante, on en dépeint plutôt le portrait à travers de grandes lunettes roses.

Les demi-vérités posent sérieusement problème dès lors où l’on cherche une compréhension complète et honnête de ce à quoi il faut s’attendre en choisissant pour carrière, la profession enseignante.

Par exemple, lorsqu’on dit que le personnel enseignant peut « offrir ses prestations de travail lors des journées pédagogiques en télétravail », la réalité est que seulement cinq sur vingt de ces journées pédagogiques peuvent être effectuées au lieu choisi par l’enseignante ou l’enseignant. De plus, il faut aussi dire que dans plusieurs milieux, ce sont les directions d’école ou les Centres de services qui déterminent dans le calendrier ces jours de télétravail à des moments où les enseignants eux-mêmes jugent qu’il y aurait une plus-value à être présent dans son établissement. Cela revient à dire qu’en vérité, moins de cinq journées pédagogiques seront effectivement accomplies en télétravail.

D’ailleurs, parlons-en de ces fameuses journées de travail effectuées à partir de la maison… N’allez pas croire qu’on nous a offert un cadeau. Nos membres ont lutté pour les obtenir! Ils se sont privés de salaire lors du dernier mouvement historique de grève en prenant d’assaut les rues en plein hiver. Malheureusement, lorsque la vidéo aborde le salaire de l’enseignante, on sent encore la récupération des avancées syndicales obtenues après une négociation intense.

Enfin, le ton infantilisant utilisé dans la vidéo Éducation, choix de carrière – Questions, nuit plus qu’autrement au sérieux de la profession enseignante. Le style est condescendant, irrespectueux envers nos membres et tous les vieux clichés ressortis du placard qu’on y expose, constituent en une régression totale des avancées sur le changement de mentalité face à tous les préjugés et stéréotypes que l’on tente de démentir depuis plusieurs années. On comprend l’intention du gouvernement, mais la vérité est que cette publicité produit l’effet inverse. D’une part, elle dévalorise le personnel enseignant. D’autre part, elle expose la déconnexion entre le gouvernement et les réalités du terrain.

Plutôt que d’influencer la population à l’aide d’informations biaisées, pouvons-nous l’informer véritablement sur la profession enseignante en lui donnant l’heure juste? Oui, il y a du beau. Oui, c’est un métier enrichissant et valorisant. Mais il reste une quantité importante de défis à relever pour redresser la situation de l’École publique au Québec.. Au lieu de faire miroiter un ramassis de demi-vérités, le Gouvernement pourrait plutôt affirmer son engagement à attaquer de face les problèmes qui affligent le réseau et qu’ensemble, nous travaillerons à l’améliorer. Le milieu syndical est prêt à se retrousser les manches, le personnel le fait tous les jours, la balle est maintenant dans son camp.