Un avenir qui existe au-delà des prochaines élections

23 octobre 2024

Cette semaine, j’ai envie d’effectuer un exercice qui échappe à nos décideurs : celui de réfléchir aux problèmes de fond. La Coalition Avenir Québec se trouve aujourd’hui à colmater des brèches qui coulent de partout. Chaque fois qu’une crise éclate, on assiste au même scénario : un sparadrap est rapidement posé sur une plaie béante, sans jamais qu’on s’attaque à ce qui a causé la blessure.

Qu’il s’agisse de la santé, de l’éducation, de l’environnement ou de l’économie, la CAQ semble coincée dans une logique de gestion à court terme, où les solutions superficielles priment sur les réformes structurelles et les discussions de société nécessaires. Le gouvernement caquiste multiplie les décisions précipitées sans tenir compte de l’avis des experts évoluant sur le terrain.

Commençons par le dossier Northvolt : en choisissant d’outrepasser le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), le gouvernement a fait preuve d’un entêtement qui, aujourd’hui, le plonge dans l’embarras en raison des difficultés financières qu’éprouve l’entreprise suédoise. Cela montre comment la CAQ préfère foncer tête baissée pour attirer des investissements massifs, que de tenir compte des répercussions environnementales ou financières pour les contribuables.

Dans le dossier de la francisation, les contradictions du gouvernement sont frappantes. D’un côté, le gouvernement Legault ne cesse de rappeler l’importance cruciale de la langue française. Mais de l’autre, il impose des coupures.

D’ailleurs, cette divergence existe dans le dossier de la construction et la rénovation des établissements scolaires. M. Drainville annonce que les projets seront retardés alors que les besoins sont urgents et criants partout au Québec. Entre les promesses de modernisation et la réalité des compressions, un gouffre se creuse entre le discours et l’action.

Ce que je souhaite illustrer est l’incohérence dans la gestion de la CAQ. Pour un gouvernement qui aime s’écouter parler de « retour sur investissement », il a bien du mal à entendre sa population lui répéter que : « le retour aux coupures, c’est une fragilisation des services ! »

Je vise la CAQ puisque c’est elle qui est au pouvoir. Mais d’un gouvernement à l’autre, nous avons toujours vécu la même situation. Entre deux élections, les gouvernements tentent d’apaiser temporairement l’électorat, avec des « cadeaux » dans le but de se faire réélire.

Malheureusement, cet électoralisme ne peut pas durer si l’on souhaite réellement réparer les nombreux problèmes qui affligent le Québec. À l’image d’un barrage percé de toutes parts, chaque solution provisoire ne fait que repousser l’inévitable effondrement du système. Pour sortir de cette impasse, la CAQ devra réellement réfléchir en dehors du cadre d’un mandat de quatre ans, cesser son mode de fonctionnement électoraliste et préconiser une approche transpartisane.

Les enjeux auxquels nous faisons face sont trop importants pour être laissés à des calculs politiques et des discours démagogiques. Il est temps de se concentrer sur des solutions durables qui considèreront toutes les strates de la société. En éducation, comme dans d’autres dossiers, la société doit être impliquée pour bâtir un Québec inclusif, équitable et tourné vers un avenir qui existe au-delà des prochaines élections…

Jean-François Guilbault

Président du Syndicat de Champlain