18 janvier 2024
« Les élèves du Québec, sacrifiés après la grève des profs ». Franchement, je t’ai lu et écouté la semaine passée et je n’en revenais pas de tes propos ! Mais d’où provient cette haine profonde envers tout ce qui a trait aux syndicats ? Tes propos durs et méprisants pour les gens qui ont osé sortir dans la rue en disent long sur le genre de chef que tu aurais été. C’est ahurissant !
Proclamer que l’exercice du droit de grève exercé l’automne dernier « aura gâché l’année scolaire pour beaucoup d’enfants », démontre que tu es déconnecté de la réalité que vivent les jeunes au Québec. Ton opinion est tellement exagérée et unilatérale !
Je te suggère de prendre du recul. Quand tu plains les pauvres élèves du Québec en crachant que « 24 journées manquées sur un calendrier scolaire qui en prévoit 180, cela représente plus de 13 % », est-ce que tu as le même raisonnement pour ceux qui participent à un programme de formation intensif ? Ceux-ci doivent réussir leur programme en seulement 90 jours en comptant les examens du Ministère qui grugent du temps de leur calendrier pour des fins de statistiques. C’est une perte horrifiante de plus de 50 % !
Penses-y Mario ! Les enfants issus de la guerre ont un trou dans leur parcours scolaire nettement plus important que ce que tu dénonces. Pourtant, bon nombre ont réussi. Au lieu de cracher sur les syndicats, tu pourrais citer Kim Thúy. Pendant la pandémie, alors que Paul Arcand recevait en ondes les doléances de parents inquiets que les études de leurs enfants soient compromises, l’entrevue suivante était celle d’un enfant de la guerre, dont le parcours scolaire avait été interrompu plusieurs années, il était fier de dire qu’il terminait alors un baccalauréat. Ça remet les choses en perspective.
Excuse-moi, mais prétendre que la grève qu’a faite le personnel de l’éducation « est une honte collective », est carrément outrageux ! Revendiquer, en plus, la reprise des journées de débrayage équivaut à éradiquer ce droit ! Ce qui est honteux, Mario, c’est d’en être arrivé là après des dizaines d’années de négligence politique pour l’école publique. Si tu avais étudié en éducation, tu réaliserais que « réduire les exigences » ne signifie pas niveler vers le bas, mais modéliser et enseigner l’essentiel avec finesse. Et ça, effectivement, aucun ministre n’en a le pouvoir. Aussi, tu saisirais que « dépenser de l’argent » constitue LA compétence du ministre pour donner aux acteurs du réseau les moyens de mener les jeunes à la réussite éducative. Ce pouvoir est loin d’être péjoratif ou signe de mollesse.
Lorsque tu écris « il faudra se souvenir de ces enfants qui paieront longtemps le prix d’une stratégie syndicale », ce que tu affirmes, c’est que les enfants du Québec sont des incompétents. Ne te porte jamais volontaire pour venir en aide au réseau de l’éducation. Ça serait trop complexe de te faire comprendre que la réussite éducative passe d’abord par le développement de la confiance de l’enfant en lui-même. Quand celui-ci t’entend, aux nouvelles le matin, son cerveau enregistre qu’il est un incapable (à surmonter quelque chose dont il n’a pas la moindre idée et dont il se fout).
Tes opinions devraient donner de l’espoir aux jeunes. Au lieu de chercher à discréditer le personnel syndiqué, ton message devrait présager qu’au-delà des différends, peu importe le contexte dans lequel les élèves évoluent, tu as confiance en eux et tu sais qu’ils développeront leur plein potentiel malgré les obstacles. C’est ça la vie, Mario !