1 juin 2023
D’emblée, je trouve assez méprisant que le gouvernement caquiste aille de l’avant aussi rapidement avec l’augmentation salariale de 30 % proposée par un comité indépendant (!), sachant pertinemment que les employés de l’État sont présentement en négociations de leurs conventions collectives et que nous nous sommes vu offrir seulement 9 % d’augmentation sur cinq ans.
Mais que François Legault ajoute comme argument : « C’est pour cela qu’on suit les recommandations d’un rapport », cela amplifie l’insulte. Je pense que c’est bien la première fois que ce gouvernement s’empresse de suivre un rapport ! Pour les ouvriers spécialisés, lors de la dernière négociation, un rapport issu d’un comité intersectoriel indiquait que toutes les parties étaient d’accord pour leur accorder une prime de 10 %. Pourtant, aujourd’hui encore, le travail est à recommencer… comme à l’autre ronde de négociations…
Et si on parlait du Rapport Ménard ? Ce dernier est venu conclure les travaux d’un comité de conciliation prévu dans la dernière convention. Le comité devait regarder la composition de la classe et trouver des solutions. Il n’y a pas eu de solutions communes entre les parties. Malgré cela, Me Ménard a proposé pas moins de neuf recommandations au ministre actuel ! Pourtant, M. Drainville ne semble pas pressé d’y donner suite.
Parlant de mépris, dans mon dernier billet, je m’étais bien gardée de commenter le travail des élus, au contraire, je reconnaissais que leur travail était exigeant. Mais voilà que le mépris a fait un bon vertigineux quand Bernard Drainville a répondu à Michel David du journal Le Devoir « Tu compares vraiment la job d’enseignant à la job de député ? Tu es en train de me dire que ça se compare ? ».
Ouf, c’est notre ministre de l’Éducation… Voilà donc sa vision de notre valeur. Il a beau, depuis, se défendre : ce qu’il a dit, il le pense. Sa réponse rapide, énergique ne ment pas. Parlant de sa vision, celle-ci s’obscurcit quand vient le temps de parler de l’école à trois vitesses au Québec. Il n’est pas question, pour lui, de changer le modèle actuel tout comme il n’est pas question d’éliminer ou même de réduire le financement des écoles privées. Pas de réforme de ce côté.
Mais au niveau du réseau scolaire de l’Éducation, là, il s’en est permis toute une ! Centralisatrice, royale, ai-je le goût de dire. Ainsi, à l’avenir, le roi Drainville nommera les directeurs généraux des centres de services scolaires qui devront exécuter ses volontés, sinon, au cachot pour crime de lèse-majesté !
De plus, terminé le Conseil supérieur de l’éducation. Supérieur au roi ? Que non ! Sera mis en place l’Institut national de son excellence en éducation. Oups, de l’excellence en éducation (INEE). Enseveli sous l’or des données probantes, la formation pourra maintenant être imposée à tous les personnels. Qui seront les chercheurs invités à en faire partie ? Là n’est pas la question, ils sauront faire le premier, le deuxième et le troisième lien ! Il n’y aura qu’une voie à suivre.
Trêve de plaisanteries, quel que soit votre métier en éducation, pensez-vous que votre tâche s’est améliorée grâce aux décisions du ministre de l’Éducation ? Bernard Drainville n’atteint pas le seuil de passage de sa première année. Mais comme c’est la façon de faire dans le milieu scolaire, malheureusement, il passera à sa deuxième année et pour l’encourager, on lui offrira une petite prime de 30 %…
Mireille Proulx
Coordonnatrice à la retraite