31 mai 2023
Est-ce que les récentes annonces dans l’actualité sont le gage de changements majeurs à venir en éducation ? Tout porte à le croire. Dans la grande marmite qu’est notre système d’éducation, tous les ingrédients s’ajoutent les uns après les autres.
Commençons du plus négatif au plus positif. Nous vivons avec un ministre qui fait preuve d’une grande condescendance envers le personnel de l’éducation. Par exemple, lorsqu’il a répondu aux questions d’un journaliste au lendemain du dépôt du projet de loi visant à hausser le salaire des élus de 30 000 $ par année : « Tu compares vraiment la job d’enseignant à la job de député ? » !
Ce même ministre est venu centraliser dans ses mains, la majorité des pouvoirs en éducation avec son projet de loi 23. Entre autres, il nommera les directions des centres de services et s’ingérera dans les décisions locales. Une reddition de compte inquiétante qui représente un nouvel aveu d’échec pour la CAQ depuis qu’elle jongle avec les réformes du réseau scolaire
Un vent de fraîcheur… Vraiment ?
Bien sûr, avec le changement de gouvernance, en octobre dernier, on aurait pu penser qu’un vent de fraicheur se lèverait. Or, l’air en éducation demeure aussi chaud, sec et nauséabond qu’auparavant.
Hélas, les conditions de travail décriées partout sont demeurées aussi difficiles pour toutes les catégories d’emplois. De plus, la montée des actes de violence envers le personnel ne s’est pas résorbée.
Pour comble d’insulte, le rapport de la Vérificatrice générale a accusé le gouvernement de faire preuve d’aveuglément volontaire depuis presque 20 ans. La pénurie de personnel était à prévoir. La situation était connue depuis 2004, lorsque le Conseil supérieur de l’éducation annonçait une pénurie d’enseignants et mentionnait que le recrutement devait constituer une priorité !
Le constat aujourd’hui est que la pénurie se fait sentir parmi tous les personnels en éducation. On en demande plus à tout un chacun alors que, d’année en année, les conditions se sont gravement détériorées et que nos décideurs ont laissé cela aller.
Évidemment, l’annonce récente d’une prime de 12 000 $ offerte aux enseignants admissibles à la retraite a mis encore plus l’emphase sur le fait que notre gouvernement est déconnecté : 45 jours avant la fin de l’année, ses voyants rouges s’allument.
Il y a aussi du positif en éducation
Bref, avec le constat précédent, nous venons d’ajouter beaucoup d’ingrédients amers à notre marmite. Il est temps d’équilibrer le tout avec des éléments plus sucrés. Tout d’abord, plus que jamais, l’opinion publique semble être derrière nous.
Lors de l’annonce des baisses d’impôts, les gens interrogés répondaient en majorité qu’il aurait été préférable de réinvestir dans le secteur public. Un fait rare, mais digne de mention.
La pandémie est venue exacerber les problèmes des réseaux de la santé et de l’éducation. La population québécoise a pu témoigner des nombreuses lacunes du système public causées par des années de laxisme accumulé.
D’un même souffle, des forums citoyens se sont levés pour questionner le système éducatif. Partout au Québec, des personnes de tous les horizons ont répondu à l’appel et se sont prononcés sur le système d’éducation. Nos membres étaient présents en masse à Longueuil lorsque ce fut notre tour de nous positionner avec notre lecture du terrain.
La campagne « Pour les élèves » a montré la réalité de certains des membres de Champlain. D’ailleurs, celle-ci sera relancée avec l’intensification de la négociation afin de montrer au grand public ce que vous accomplissez au quotidien.
Quelle est notre responsabilité dans tout ça?
Quelle est notre responsabilité dans tout ça ? Maintenant que tous les éléments se trouvent dans la marmite, ils ne prépareront pas un mets comme par magie. L’effort de tout brasser nous appartient !
Les ingrédients d’un rendez-vous extraordinaire n’attendent que notre mobilisation pour apporter un changement tangible. Un changement qui profitera aux élèves afin de leur redonner un milieu d’apprentissage digne de ce qu’ils méritent. Un changement qui donnera un sérieux coup de barre aux conditions de travail du personnel de l’éducation.
Il n’existe pas de recette miracle, nous avons la responsabilité d’être présents et mobilisés devant ce rendez-vous historique. Au mois de juin, nous devons nous rendre à Québec. En septembre, il faudra exiger un véritable changement en descendant dans la rue. Nous nous devons de le faire pour nous, pour les enfants et pour toutes celles et ceux qui viendront gonfler nos rangs dans l’avenir grâce aux luttes que nous aurons menées aujourd’hui.
Jean-François Guilbault
Président