25 mai 2023
Avec le dépôt de son plus récent rapport, la vérificatrice générale du Québec confirme ce que l’on décrie depuis des années. Pire encore, elle confirme également que le ministère (MEQ) ignore tout et n’a pas de plan tangible pour lutter contre la pénurie de personnel enseignant qualifié.
En effet, la situation est connue depuis un moment déjà. Il y a près de 20 ans, en 2004, le Conseil supérieur de l’éducation se disait préoccupé par une possible pénurie d’enseignants et mentionnait que le recrutement devait constituer une priorité !
Pourtant, d’année en année, les conditions de travail se sont alourdies. Ce n’est pas un hasard si la profession en a subi les effets et est devenue moins attrayante. Bien sûr, ce n’est pas non plus un hasard si des milliers d’enseignants qualifiés ont préféré quitter prématurément.
Quels sont les 3 constats de la vérificatrice générale?
Tout d’abord, l’information détenue par le ministère de l’Éducation et les centres de services scolaires audités est insuffisante pour cerner efficacement les causes de la pénurie et pour connaître l’ampleur des enjeux de recrutement et de rétention d’enseignants qualifiés.
Deuxièmement, l’encadrement et les actions des centres de services audités et du ministère de l’Éducation manquent la cible concernant le suivi de la qualité de l’enseignement.
Finalement, le ministère n’a pas de plan tangible et ne peut donc pas mettre en place des mesures efficaces qui contreraient la pénurie d’enseignants qualifiés. Autrement dit, le rapport de la vérificatrice vient montrer que le ministère est complètement déconnecté du milieu.
Les promesses électorales avant tout
À titre d’exemple, prenons la promesse électorale qu’a tenue la CAQ en créant des maternelles quatre ans. Avec cette mesure, la CAQ a fait le choix d’ignorer les nombreux experts qui s’étaient exprimés sur la question et n’a fait qu’aggraver les problèmes de main-d’œuvre en allant de l’avant avec un projet non prioritaire.
« En novembre 2019, l’accès à la maternelle quatre ans a été élargi à tous les enfants, tandis que cet accès était auparavant limité aux enfants de milieux défavorisés. Une analyse du MEQ datant de 2019 évaluait que ce projet nécessiterait de 3000 à 5000 enseignants supplémentaires environ, selon sa popularité » peut-on lire dans le rapport.
Malheureusement, la volonté de cocher des promesses électorales a prédominé sur les réels besoins du terrain. Rien que la semaine dernière, Sonia Lebel annonçait un incitatif de 12 000$ réservé aux enseignantes et aux enseignants admissibles à la retraite qui repousseraient celle-ci. Une mesure « duct tape » montrant encore que durant les dernières années, le gouvernement s’est enfoncé la tête dans le sable.
La tâche s’alourdit sans cesse, l’accueil de personnel non légalement qualifié demande un accompagnement supplémentaire du personnel enseignant en place, une surcharge non nommée, la composition de la classe met en péril la réussite éducative des élèves et rend le travail du personnel très difficile.
À tous ces problèmes, aucune réponse hormis des offres insultantes aux tables de négociation. Et pour cause, le ministère n’a pas les informations nécessaires, n’a pas de plan global et n’est pas à l’écoute des besoins du milieu. Si l’on veut régler cette pénurie de personnel, il faut trouver des solutions tous ensemble. Les élèves et le personnel scolaire méritent un meilleur système d’éducation.