3 mai 2023
Le ministre de l’Éducation déposera un projet de loi qui soulève bien des préoccupations. Il y a à bientôt trois ans, les commissions scolaires cessaient d’exister pour laisser place aux centres de services scolaires. Une création caquiste qui remplaçait les commissaires élus pour centraliser un peu plus le pouvoir dans les mains du gouvernement.
Comme rapporté par Tommy Chouinard dans La Presse : « Bernard Drainville se donnera de nouveaux pouvoirs avec son projet de loi. Il nommera lui-même – ou limogera au besoin – les directeurs généraux des centres de services scolaires et leur demandera de lui rendre des comptes. »
Un nouvel aveu d’échec de la CAQ qui jongle avec les réformes du réseau scolaire en oubliant les vrais acteurs de l’éducation : le personnel. La reddition de comptes des acteurs généraux ne devrait peut-être pas appartenir au ministre, mais plutôt à la population, aux élèves et aux personnels de l’éducation.
Cet élargissement des pouvoirs du ministre de l’Éducation s’accompagne de la création d’un nouvel institut qui copiera le rôle de l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) mais en éducation.
Malheureusement, il y a un problème avec une aussi forte concentration des pouvoirs dans les mains d’un seul individu. Aussi, avec le nouvel institut, nous nous attendons à constater des effets négatifs sur l’autonomie des établissements scolaires. Pouvons-nous laisser l’expertise des besoins en éducation aux vrais experts? Nous parlons bien sûr ici du personnel qui œuvre au quotidien dans les établissements, celles et ceux et qui connaissent leurs élèves.
Et l’argent pour ce nouvel institut, où la prendront-ils? Pour rappel, le gouvernement s’est privé de milliards de dollars avec des baisses d’impôt, les écoles sont sous-financées et tout le secteur public a reçu une offre salariale appauvrissante et insultante.
Avec ses baisses d’impôts inutiles, le gouvernement a giflé une première fois tout le réseau scolaire. Ses offres patronales sont venues gifler une seconde fois un personnel essoufflé. Maintenant, ce que le ministre Drainville nous annonce, c’est qu’il n’y a pas d’argent pour offrir des postes attractifs, pour créer des projets améliorant la qualité du réseau ou pour lancer une bouée de sauvetage à un réseau scolaire qui peine à garder la tête hors de l’eau. En revanche, il y a de l’argent pour un institut qui entraînera des coûts supplémentaires pour le système éducatif, sans nécessairement améliorer les résultats pour les élèves et sans aider le personnel scolaire. Une troisième gifle qui dérange…
En fin de compte, tout ce que nous demandons, c’est d’être consultés avant des réformes aussi majeures. Toute mesure qui renforcera le système éducatif et améliorera les résultats pour les élèves sera accueillie positivement. Présentement, le ressenti après ces trois gifles du gouvernement est qu’il n’y a aucune place à la collaboration avec le personnel scolaire, pourtant, les vrais experts.