Ca bouge… vraiment?

5 avril 2023

Si vous suivez l’actualité, vous aurez déjà pris connaissance des « offres bonifiées » que le gouvernement a rendues publiques le 27 mars dernier. J’utilise ici les mots de la présidente du Conseil du trésor pour qualifier l’offre puisque nous, nous utilise­rions plutôt l’expression « précisions sur les offres du 15 décembre 2022 ».

En effet, car les offres n’ont nullement été « bonifiées ». Il s’agit plutôt d’un exer­cice de relations publiques de la part du gouvernement. Il abat son jeu en voulant démontrer à la population québécoise sa disponibilité à négocier.

Rappelons-nous qu’il s’était embrouillé à définir un cadre de négociation loin des tables, par l’entremise de forums larges desquels toutes les organisations syndi­cales se sont détachées. L’idée a été aban­donnée dans les coulisses du parlement. Devant son échec, le gouvernement n’a eu d’autre choix que de se positionner autre­ment pour tenter de conserver l’opinion populaire.

En lisant les offres rendues publiques la semaine dernière, on constate rapidement qu’elles ne consistent qu’à préciser celles préalablement déposées en décembre. Ces offres étaient vagues et laissaient place à une multitude de scénarios, tous plus inquiétants les uns que les autres. Les nouvelles précisions ne sont pas plus rassurantes pour autant. De plus, elles ne répondent en rien aux enjeux et demandes déposés en octobre dernier. Avec ce nou­veau dépôt, le constat est le même : Le gouvernement passe encore complète­ment à côté des vrais besoins du milieu.

Rien de nouveau

Essentiellement, nos décideurs ne proposent rien pour pallier les impacts majeurs de l’inflation sur la perte de pou­voir d’achat des travailleurs de l’État et ils nous présentent des modifications importantes aux dispositions entourant la retraite. Sur ce dernier enjeu, une analyse plus profonde sera faite dans les prochains jours afin de bien saisir la portée des pro­positions gouvernementales. Dans tous les cas de figure, on assiste à la mise en place de mesures de détention du personnel plu­tôt que de s’attaquer au nerf de la guerre, les conditions de travail. Celles-là mêmes qui permettraient assurément de retenir le personnel dans le réseau scolaire.

Malheureusement, le scénario des négociations passées refait surface. Les stratégies habituelles du gouvernement sont décevantes. Il avait l’opportunité de faire les choses différemment, de réelle­ment faire de l’éducation SA priorité en répondant aux différents enjeux soulevés par les dépôts syndicaux de l’automne. Au lieu de cela, le grand public a droit à une campagne de communication alors que le personnel de l’éducation reçoit une offre digne d’une gifle.

Cette semaine, nous devrions recevoir une nouvelle version des offres secto­rielles concernant précisément le person­nel de soutien scolaire et le personnel enseignant. Souhaitons qu’il ne s’agisse pas encore d’un exercice de relations publiques qui allongera encore davantage le chemin à parcourir vers un éventuel règlement.

Une chose est certaine, le personnel de l’éducation se trouve à la croisée des che­mins et le gouvernement ne doit pas rater ce rendez-vous historique. Au sortir de la pandémie, la population est maintenant consciente des enjeux entourant le réseau scolaire, le personnel est déterminé à ce que les choses changent et le Front com­mun envoie un signal clair au gouverne­ment pour lui indiquer qu’il ne pourra pas faire l’autruche cette fois-ci. Nous, d’une seule voix, nous serons au rendez-vous. Mme Lebel, M. Legault, y serez-vous ?

Jean-François Guilbault

Président