Devrait-on demander aux agents de bord d’enseigner à notre place ?

16 février 2023

Vendredi dernier, Le Journal de Montréal et différentes émissions à TVA, dont J.E. ont abordé la violence à l’école, tant au primaire qu’au secondaire, à la suite d’entrevues réalisées avec notre équipe SST au Syndicat. Nous sommes tous d’accord, il faut cesser de tolérer cette violence dans le milieu scolaire.

Tous sauf peut-être Égide Royer. Certes ce dernier convient qu’il y a eu augmentation des difficultés de comportement, d’agressivité et d’opposition chez les élèves. Mais, plutôt que de chercher la source, les raisons fondamentales de cette violence, qu’on ne peut mettre exclusivement sur le dos de la pandémie, une fois de plus, il préfère viser le personnel scolaire, particulièrement les enseignants.

« Faites une crise dans un avion, les agents de bord savent quoi faire. Ils ont des protocoles d’intervention pour régler ces situations. Un enseignant a trop de lacunes pour intervenir adéquatement. » (Le Journal de Montréal, Denis Therriault, 10 février 2023) Bien entendu, il nomme la formation universitaire. Mais la violence qui sévit actuellement ne touche pas seulement les nouveaux enseignants, mais aussi les enseignants d’expérience. Elle touche également les techniciens en éducation spécialisée.

Et, franchement, sa comparaison avec les agents de bord ! Voici un extrait de la page 27 du Guide – Passagers indisciplinés/perturbateurs : « Toute situation comprenant des faits de violence, liés à une alcoolémie ou non, peut donner suite à une entrave du passager, par le biais de contention, menottes, sangles. Ce dernier ne sera alors pas libéré et sera livré aux forces de Police à l’arrivée du vol. » Allez voir des vidéos, oui, oui. Des passagers sont cloués à leur siège par du Duct Tape ou encore des Ty-Rap® !

Nos moyens en éducation

Mettons qu’on ne parle pas des mêmes moyens en éducation… Je reprendrai les mots de Sylvain Dancause, parus ce lundi 13 février, dans Le Journal de Montréal : « J’exige le respect dans ma classe ? Je suis trop sévère. J’ose élever la voix ? Je traumatise les enfants. Je tente de maîtriser un jeune ? On risque de m’accuser de voie de fait. J’expulse un ado au local de retrait ? J’ai séquestré une victime. »

En éducation, quand un élève se désorganise, le mot d’ordre est de faire sortir tous les enfants de la classe sauf l’élève en crise. Pour lui permettre de se calmer. Quand c’est chose faite, c’est le retour en classe. Dans certains cas, on relève une chaise ou deux, on replace un pupitre, on ramasse quelques crayons et effaces. Dans d’autres cas, la tornade aura fait beaucoup de dommages physiques et psychologiques.

Qui n’a pas entendu de la part d’une direction, « il faut que tu apprennes à créer un lien » ou « qu’as-tu fait pour qu’il agisse ainsi ? » Si la violence ne créait pas autant de souffrance, j’en rirais, mais je ne peux pas.

Comment se fait-il qu’un enfant ou un ado puisse envoyer promener un membre du personnel ? Comment se fait-il que les élèves puissent sacrer contre les profs, les techniciens, les préposés ? Comment se fait-il qu’une agression physique ne soit pas condamnée avec véhémence et qu’un nombre de jours conséquents au geste posé n’envoie pas l’élève à la maison ou dans un local où il devra travailler seul ? Comment se fait-il que ce soit si facile de revenir à l’école ?

Et vous monsieur Royer

Monsieur Royer peut, une fois de plus, mettre la faute sur les enseignants. Il le fait aussi souvent qu’il le peut, si vous voulez mon avis. Mais parler ainsi ne règle aucunement le problème.

Quand une personne souffre d’un cancer et en décède, quelqu’un oserait-il dire aux médecins impliqués que leur formation est inadéquate ? Qu’ils ne savent pas intervenir correctement avec les personnes qui en souffrent ? Les médecins accepteraient-ils de se faire frapper tous les jours par les patients ? Accepteraient-ils qu’on les envoie promener comme du menu fretin ?

Hum, pense pas… Et vous monsieur Royer ?

Mireille Proulx

Coordonnatrice