La CAQ, sa gestion et la négociation

11 février 2022

À l’automne 2022, soit le 3 octobre, le Québec sera appelé aux urnes pour nommer les représentants du gouvernement pour les quatre prochaines années. Avec un taux de satisfaction de 65 %, selon un sondage Léger réalisé le 2 octobre 2021, les probabilités que soit réélue la Coalition Avenir Québec font très peu de place au doute.

C’est dans ce cadre que monsieur Éric Gamache a été invité à faire une allocution aux représentants syndicaux de la CSQ siégeant au conseil général de négociations. Monsieur Gamache a conseillé plusieurs élus québécois durant sa carrière et a également été directeur de cabinet. Le titre de sa présentation était L’ADN et la pensée caquiste en 2021. Monsieur Gamache a rappelé que depuis 1998, trois grands thèmes ont toujours été au centre du discours de François Legault, premier ministre actuel du Québec : l’éducation, la santé et l’économie. Trois secteurs où il a été ministre dans un autre parti.

Pour le premier mandat de son histoire, la CAQ a fait élire plusieurs députés dont l’expérience en politique était nouvelle. On aura remarqué, dès le départ, que la gestion du gouvernement se compare à un modèle d’affaires. Les ministres entretiennent des relations serrées avec leurs clientèles. Les ministres sectoriels passent des messages, mais ils ne gèrent pas la négociation. Pensons à Jean-François Roberge. C’est ainsi qu’on remarquera qu’il y a eu peu de remaniements ministériels. Des ministres peuvent être dans l’eau chaude, mais la tempête passe et ils demeurent en poste.

On l’aura vu, toutes les négociations auront été menées par le premier ministre et sa garde rapprochée : Dubé, Fitzgibbon, Girard, Lebel. Deux comptables, un économiste et une avocate. Ajoutons à ceux-ci, Martin Koskinen, directeur de cabinet du premier ministre. On dit de lui qu’il est l’alter ego de François Legault. C’est ce groupe restreint qui prend les décisions. La Coalition Avenir Québec est un gouvernement d’économistes et de comptables. On aura remarqué que la gestion des finances publiques est axée sur les rendements. En ce sens, ce gouvernement adopte une approche coûts-bénéfices pour convaincre et il aime bien parler en termes de « retour sur investissement ».

Au tout début du mandat de la CAQ, François Legault a clairement indiqué qu’il voulait se distancer des lobbyistes, même économiques. C’est la population qui l’intéresse. Pour lui, les surplus n’appartiennent pas aux lobbyistes. C’est également un gouvernement de partenariats qui cherche à conclure des ententes et à trouver des solutions « gagnant-gagnant ». L’image que la population voit de lui est donc positive. C’est ainsi que, selon Monsieur Gamache, lors de la prochaine négo, il nous sera préférable d’éviter les coups bas et la provocation tels qu’une demande de démission d’un ministre, par exemple.

Le premier ministre, homme fier, se défendra de certaines décisions ou positions plus dures en invoquant ces façons de faire. Monsieur Gamache a émis d’autres suggestions en vue des prochaines négociations. Soit de parler avec la population pour bien faire comprendre nos enjeux. Bien entendu, pour lui, s’appuyer sur des données probantes, solides et chiffrées sera un atout. Tout comme se positionner en partenaire et faire savoir ce qu’on a à offrir. Enfin, certes, il conseille de mettre de la pression sur les ministres sectoriels, mais en évitant la confrontation négative.

Les stratégies appartiennent aux membres et seront décidées par ceux-ci. Il demeure que comprendre la machine, la gestion et le fonctionnement du gouvernement permet de se préparer à une négociation avec plus de cartes en main. Le gouvernement Legault a géré, depuis deux ans, une pandémie à coups de décrets. Il a devant lui une opposition qui n’en porte que le nom. Majoritaire, élu pour quatre ans, comment se comportera-t-il lors de la prochaine négociation qui prendra son envol quasiment en même temps que sa réélection ?

 

Mireille Proulx