6 mai 2021
Un spin paternaliste et irrespectueux
Si le premier ministre annonce une conférence de presse, un dimanche après-midi, à la suite d’une rencontre à laquelle il a convoqué les présidences des grandes organisations syndicales, dont la CSQ, on s’attend naturellement à une annonce tangible, à quelque chose d’important.
Ça n’a pourtant pas été le cas dimanche dernier, loin de là! Nous avons même été un peu étonnés de la muflerie. Cette conférence de presse, dimanche, n’était rien d’autre qu’un gros show de boucane pour tenter un coup de force médiatique et mettre de la pression sur le mouvement syndical.
Il y a quelque chose de réellement dérangeant à entendre le gouvernement dire que, pour lui, la négociation arrive à sa fin puisqu’il a livré la marchandise auprès de certains groupes comme les infirmières, les préposés aux bénéficiaires et les enseignants! Et pour les autres? Il n’y a juste pas d’argent et il a été assez patient! Quel paternalisme!
D’abord, oui, les enseignantes et les enseignants à Champlain ont accepté l’offre patronale. Mais, comme l’a clairement exprimé un collègue en assemblée générale, l’offre est acceptée mais sans enthousiasme, car beaucoup d’éléments demeureront en suspens. C’est important de le souligner à la lumière des discussions que nous avons eues ensemble.
Ensuite, les enseignantes et les enseignants sont bien au fait que leurs collègues se battent encore pour obtenir des augmentations salariales et de meilleures conditions de travail pour contrer la pénurie de personnel qui sévit partout dans les centres de services.
Un premier ministre qui insiste, publiquement, pour dire que l’éducation est une priorité, mais qui ne veut surtout pas comprendre que le réseau scolaire fonctionne grâce au travail incroyable d’une panoplie de travailleuses et de travailleurs parce que ça déroge à son plan stratégique pour régler cette négo, c’est indécent. Surtout qu’il a lui-même été ministre de l’Éducation… Quel manque de respect!
Les négociations continuent donc pour en arriver à une entente sur la retraite, les droits parentaux, les assurances et les paramètres salariaux pour tous les employés de l’État, incluant les enseignants.
Mais elles se poursuivent aussi beaucoup pour tous les autres collègues qui n’ont pas encore reçu d’offre acceptable. C’est vrai pour le personnel du soutien scolaire et les collègues professionnels, mais ce l’est également pour les collègues à l’extérieur de nos écoles, dont le personnel des cégeps et du réseau de la santé!
Nous sommes solidaires parce que nous savons pertinemment qu’un jour ou l’autre, il y aura un retour du balancier et qu’à ce moment, ce seront peut-être les enseignantes et les enseignants qui seront mis de côté au profit de d’autres groupes que le gouvernement jugera alors prioritaires au gré de sa réélection!
Éric Gingras