15 avril 2021
Voilà plusieurs années maintenant que nous décrions les récupérations qui nous tombent dessus, budget après budget, gouvernement après gouvernement. Et tant chez le personnel enseignant que de soutien scolaire, la pénurie de main-d’œuvre s’aggrave un peu plus d’année en année. C’est sans compter les effets de la pandémie, alors que plusieurs ont carrément choisi de quitter le navire avant d’y perdre leur veste de sauvetage.
La pandémie a mis au grand jour, si je puis le dire ainsi, l’importance des emplois du « prendre soin ». Les membres du personnel des secteurs de la santé, de l’éducation et du communautaire, pour ne nommer que ceux-ci, ont été largement sollicités; leur professionnalisme et l’importance de leurs responsabilités s’avérant plus qu’impératifs dans le contexte.
Ces actrices et ces acteurs ont été indispensables durant cette pandémie certes, mais tout autant les années qui l’ont précédée. Pourtant, le respect et la reconnaissance du gouvernement n’auront malheureusement pas dépassé les qualificatifs sibyllins tels qu’« anges gardiens », qui ont surtout contribué à catégoriser des travailleuses et à semer la division dans un contexte d’incertitudes hautement émotif.
Comment taire alors que la très large majorité de ces emplois sont détenus par des femmes ? Alors peut-être est-ce là une des leçons que nous devrions collectivement retenir de toute cette crise et en profiter pour agir ! Saviez-vous que pour chaque 1 $ gagné par une femme qui travaille à temps plein au Québec, les hommes en gagnent 1,32 $ ? (Institut de recherche et d’informations socioéconomiques, Inégales dans la tourmente, 8 mars 2021).
Prenez, par exemple, le budget du Québec déposé il y deux semaines par Éric Girard, ministre des Finances : 4,5 milliards $ ont été ajoutés au Plan québécois des infrastructures, ce qui porte l’enveloppe globale à 135 milliards $ de sommes publiques qui y sont investies. Au cours des cinq prochaines années, 60 % sera probablement dépensé… et devinez quoi ? Dans des secteurs où les emplois sont majoritairement occupés par des hommes !
Évidemment, l’idée n’est pas d’en faire un débat de genres pour créer un clivage, mais bien de prendre acte qu’il y a une réelle injustice sociale et économique au sein de notre société et d’y remédier ensemble, collectivement. Parce que le travail de ces femmes (et de ces hommes) qui œuvrent dans nos écoles, nos centres, dans les établissements de soins de santé, auprès des jeunes, des aînés, des malades – bref, de celles et de ceux qui prennent soin du monde, ça nous regarde tous !
À cet effet, le budget Girard est décevant, tout comme les négociations nationales, parce qu’ils s’inscrivent en ligne droite avec cette vieille tradition qui est de considérer l’éducation et la santé comme des dépenses pour l’économie du Québec. Comme si l’année qui vient de passer ne nous avait pas secoués suffisamment pour nous convaincre de l’importance de valoriser les professions de l’éducation, de la santé ou du milieu communautaire.
L’éducation devait être LA priorité de la CAQ. Avouons-le, nous avions tous un peu envie d’y croire, même un tout petit tantinet… Le show de boucane est terminé maintenant et l’heure est à la solidarité, surtout dans ce contexte difficile. Et la prochaine étape, c’est d’être nombreux lors de la prochaine grève !
Mireille Proulx, Coordonnatrice