19 novembre 2020
Décidément, nous vivons une période bien particulière. Chaque semaine amène son lot de défis quotidiens, tantôt d’ordre professionnel, tantôt d’ordre personnel. Il faut conjuguer avec l’insécurité des uns, le déni des autres et l’irresponsabilité de certains.
Et cette réalité particulière est exactement la même pour les organisations syndicales. Nous naviguons à vue parce que notre employeur, le gouvernement, nous tient la plupart du temps dans la brume.
C’est le cas lors d’annonces aussi importantes que le prolongement des vacances des Fêtes, mais c’est tout aussi vrai pour les négociations de nos conventions collectives. Le gouvernement entretient volontairement le flou. Il annonce, publiquement, son désir de régler, alléguant même que le Conseil du trésor amorce un blitz. Or, nos négociateurs syndicaux nous disent que cette volonté ne se reflète pas aux tables de négociations.
Et si, derrière cette apparente improvisation, se cachait une stratégie bien ficelée pour arriver à ses fins ? Et si la lenteur de la négociation, le discours économique et la fausse bonne volonté étaient, dans les faits, une façon pour le gouvernement de nous dépeindre négativement dans l’opinion publique et d’épuiser notre volonté d’améliorer notre sort ?
« Bien voyons, me direz-vous, vous venez juste de comprendre ça ? Il me semble que c’est évident ! » Oui, et justement… Le but ici est précisément de se rappeler que c’est ça, sa stratégie. Se rappeler de ne pas tomber dans le même panneau dans lequel on tombe chaque fois. De se rappeler que nous devons être plus intelligents que lui dans notre stratégie.
« On est tanné, on veut agir, on veut frapper fort ! On veut un syndicat qui gueule ! On veut un syndicat qui ne fait pas juste porter des chandails, mais qui fait la grève pour montrer qu’on est écœuré ! On veut un syndicat qui fait des gestes d’éclat ! »
Oui, tout ceci est vrai, mais en temps et lieu. Je l’ai déjà dit à quelques reprises et j’insiste : notre stratégie, dans cette négociation, doit être envisagée comme un marathon. Sans quoi, à tout lancer à fond dès maintenant, nous ne nous rendrons jamais au bout… Et la stratégie du gouvernement aura été payante.
Autrement dit, il faut choisir les bons moyens, au bon moment. Il faut éviter de nous épuiser rapidement et opter plutôt pour une stratégie nous permettant de maintenir le rythme de la négo, et longtemps s’il le faut ! Nous sommes toutes et tous vraiment frustrés de la situation, c’est une évidence. Mais de tout déballer, maintenant, n’est pas une stratégie payante à long terme. Ce serait aussi refaire les mêmes erreurs que lors de négos passées. Tentons d’aller chercher le maximum sans nous nuire et surtout, sans nous déchirer !
Éric Gingras