27 février 2020
Les négociations du secteur public, notamment en éducation, ont évolué de façon importante au cours des dernières décennies. Si, auparavant, la partie patronale était presque exclusivement centrée sur les besoins du ministère et les volontés politiques du gouvernement, les choses ont bien changé depuis environ dix ans.
En effet, au cours des trois dernières rondes de négociations nationales en éducation, les administrateurs du réseau scolaire ont joué un rôle prépondérant dans le processus de négociation, surtout en ce qui a trait à l’élaboration des dépôts patronaux. Vous en doutez? Pourtant, le préambule du dépôt patronal est sans équivoque : « Ces dernières [les demandes patronales] s’appuient sur une vaste consultation menée auprès des représentantes et représentants des commissions scolaires et de leurs établissements (…) ».
Soyons clairs ici : directions générales, ressources humaines et directions d’école, pour ne nommer que celles-là, sont en partie derrière les dépôts qui nous ont été présentés aux tables de négociations en décembre dernier. Des dépôts méprisants (faut-il le rappeler?) et inacceptables aux yeux du personnel qui tient l’école à bout de bras depuis trop longtemps.
La question que nous nous posons, enseignantes, enseignants et membres du personnel de soutien scolaire, est fort simple et elle s’adresse au personnel de direction des établissements scolaires : Êtes-vous en accord avec ces dépôts faits en votre nom? Trouvez-vous vraiment qu’ils présentent des avenues viables et intéressantes pour réduire la pénurie de main d’œuvre et pour favoriser la rétention de votre personnel? Reflètent-ils ce que vous jugez nécessaire pour valoriser la profession enseignante et le personnel de soutien scolaire? Estimez-vous réellement que ces demandes sont les meilleures solutions à votre portée pour augmenter les services dans les écoles et dans les centres?
J’en appelle ici notamment aux associations de cadres de la Rive-Sud de Montréal, mais aussi de l’ensemble du Québec. Ou bien vous êtes en accord et dans ce cas, vous assumez pleinement ces dépôts, ou bien vous vous en distancez et vous demandez au gouvernement de respecter votre personnel en lui soumettant des offres qui ont un minimum de gros bon sens.
Vous vous devez de nous répondre. Il n’y a pas de position mitigée possible lorsque des gens qui parlent en votre nom, insultent carrément le personnel avec qui vous travaillez au quotidien. Ne pas vous prononcer et jouer à l’autruche, revient à appuyer les demandes des dépôts car, dans les faits, vous avez été consultés!
Pendant de trop nombreuses années, les directions d’école nous ont répété que la négociation de nos conventions collectives ne leur appartenait pas, qu’elles restaient à l’écart. Nous savons que ce n’est plus le cas! Qui plus est, si vous êtes contre ces propositions et que vous estimez ne pas avoir été consultés par vos représentants des associations de cadres, c’est votre responsabilité de les interpeller!
Alors, maintenant que c’est dit, représentants des commissions scolaires ou plutôt des centres de services scolaires, et représentants des établissements, qu’avez-vous à dire? D’accord ou non avec les dépôts patronaux en éducation? Je vous invite à y penser et à répondre aux membres du personnel que vous croiserez aujourd’hui, demain ou cette semaine!
Éric Gingras
Président du Syndicat de Champlain