31 janvier 2020
Le 21 février 2019, l’Assemblée nationale votait à l’unanimité une motion comportant deux volets dont celui-ci : « Que l’Assemblée nationale demande au gouvernement d’allouer prioritairement les ressources budgétaires nécessaires aux services aux élèves et à l’amélioration des conditions de travail des enseignant-e-s, des professionnel-le-s et du personnel de soutien ainsi qu’à la mise à niveau des infrastructures ».
Même le ministre Roberge admet que « pour trouver des candidats [enseignants], […] il faut rendre la profession plus attrayante, en améliorant notamment les conditions de travail. » (ici.radio-canada.ca, 22 janvier 2020)
Malheureusement, comme cela arrive trop souvent, le ministre n’a pas abordé le fait que la pénurie de personnel affecte également le soutien scolaire. Mais nous savons pertinemment qu’elle est très importante et touche plusieurs classes d’emplois.
La première orientation du dépôt patronal pour le personnel enseignant réitère également « […] la nécessité de poursuivre la mise en place de mesures qui contribueront à valoriser la profession enseignante de même qu’à attirer et retenir des enseignantes et enseignants qualifiés, mobilisés et engagés ». Du côté du personnel de soutien, la partie patronale reconnaît aussi « l’importance du rôle de l’ensemble du personnel de soutien dans la réalisation de la mission des commissions scolaires ».
Ces belles paroles étant bien étayées, voici donc quelques exemples des pistes de « solution » que proposent les parties patronales. Les extraits sont évidemment tirés des demandes patronales déposées en décembre dernier dans le cadre de la négociation nationale pour le renouvellement de nos convention collectives.
Pour le personnel enseignant, la partie patronale propose de :
• Renforcer l’obligation de développement professionnel continu de l’enseignante ou l’enseignant tout au long de sa carrière, de l’engagement dans un plan de développement et de reddition de compte associée à ce plan;
• Prévoir une obligation de disponibilité pour répondre à des besoins spécifiques, ponctuels ou urgents;
• Augmenter le nombre d’heures de présence à l’école et, conséquemment, l’horaire hebdomadaire;
• Établir que la prestation de travail s’effectue au-delà du temps de présence à l’école;
• Clarifier que l’enseignante ou l’enseignant doit avoir mis en oeuvre des stratégies d’intervention pédagogiques ou sociales avant de demander des services;
• Revoir la pertinence de la notion de moyenne au niveau de la commission pour l’ensemble des groupes de chaque type d’élèves.
Plus particulièrement à l’éducation des adultes, la partie patronale souhaite que la semaine régulière de travail inclue la possibilité d’offrir des services éducatifs les fins de semaine.
À la formation professionnelle, elle demande la possibilité d’une complète annualisation de la tâche et que soit retirée l’amplitude quotidienne.
Pour le personnel de soutien scolaire, certaines demandes sont plus évasives, mais non moins inquiétantes :
• Modifier la définition de « poste » pour permettre plus de polyvalence dans les tâches à accomplir;
• Retirer les motifs de non-abolition de postes pour les remplacer par des motifs d’abolition de postes;
• Revoir les clauses relatives aux mouvements de personnel afin de limiter les mouvements et assurer la stabilité;
• Revoir les clauses relatives aux mouvements de personnel afin de limiter les protections salariales;
• Augmenter la durée de la période d’essai et de la période d’adaptation;
• Prévoir la possibilité de procéder à l’affectation temporaire d’une salariée ou d’un salarié en invalidité;
• Prévoir que le passage d’un échelon à l’autre se fait après une prestation de travail effective;
• Retirer les clauses de maintien des droits qui concernent les jours chômés et payés ainsi que l’horaire d’été sans reprise de temps.
Qui peut sérieusement prétendre qu’il s’agit là de « solutions » pour résoudre les problèmes d’attraction et de rétention de personnel en éducation ?
Mireille Proulx
Coordonnatrice