11 décembre 2019
Le Journal de Montréal nous apprenait, la semaine dernière, que la facture de 6 des 7 projets du Lab-École était passée de 55,6 à 105,9 millions de dollars ! On peut s’interroger, quand on sait que la moitié des écoles primaires et secondaires du Québec ont une cote de vétusté D ou E, c’est-à-dire en « mauvais » ou en très « mauvais » état.
Il y a deux ans, dans le cadre de la table ronde organisée par le Syndicat de Champlain avec les trois membres fondateurs du Lab-École, j’avais émis des craintes à l’effet que des sommes importantes étaient investies dans quelques projets mais qu’au moment où il faudrait étendre le financement à l’ensemble des écoles, l’argent ne suivrait plus. « C’est pas comme ça que ça va se passer. », me répondait alors Ricardo Larrivée.
À qui la faute d’une telle explosion des coûts ? À Québec, on se renvoie la balle. Le ministre Roberge s’est empressé d’accuser le précédent gouvernement, déplorant que les libéraux aient tenté « de vendre la construction d’une mai-son pour le prix d’un cabanon ». Alors que pour le chef intérimaire du parti libéral, Pierre Arcand, le projet était bien géré. C’est l’imposition aux projets, par la CAQ, de classes de maternelles 4 ans qui a changé la donne.
Pendant ce temps, les fondateurs défendent les projets du Lab-École en faisant valoir, notamment, leur innovation sur le plan architectural. Ils ont « cassé le moule », disent-ils. Je dirais plutôt la tirelire ! Penser les écoles différemment et les rendre plus attrayantes, certes, mais au détriment de l’ensemble de celles qui existent déjà ? Parce que soyons francs, les très nombreuses écoles qui doivent être rénovées et celles qui seront construites prochainement auront-elles droit à ces mêmes généreux budgets ?
Dans La Presse du 29 novembre dernier, Pierre Lavoie, aussi membre fondateur du Lab-École, lançait : « On est des influenceurs et on s’implique. Est-ce que tu t’impliques en éducation ? Non. Ferme ta boîte. » C’est un peu faible comme argument. Un peu arrogant aussi, pour toutes celles et ceux qui ne voient pas l’ombre du commencement de la rénovation ou de la construction de leur école alors que les besoins sont tout aussi criants que pour les projets choisis par le Lab-École.
Nous nous battons déjà contre l’éducation à deux vitesses au Québec, il ne faudrait pas que ça s’applique aussi aux bâtiments !
Éric Gingras