31 octobre 2019
Connaissez-vous l’affaire Sindy Ruperthouse, une Algonquine de 44 ans portée disparue depuis 2014 ? Plus que jamais, la question de la violence faite aux femmes autochtones, des iniquités dont elles sont victimes et de la marginalisation de leur situation est un sujet d’actualité, et c’est pour le mieux. Mais ce n’est pas parce qu’on en parle que tout est réglé pour autant… La preuve, c’est que les dossiers de disparition, d’assassinat, de violence, d’agression sexuelle, etc. qui les concernent ne trouvent pas toujours d’écho dans l’espace public québécois.
Pourquoi aborder ce sujet ici ? Lors de la dernière rencontre du conseil général de la CSQ, qui a eu lieu les 23, 24 et 25 octobre derniers, nous avons eu droit à une excellente conférence de Madame Viviane Michel, présidente de Femmes Autochtones du Québec.
D’entrée de jeu, Mme Michel a insisté sur l’importance de ne pas repartir de cette rencontre avec l’impression que les femmes autochtones font pitié, même si les constats peuvent être lourds. « On n’a pas besoin de ça, on est tannées nous-mêmes d’être dans la victimisation. » Mais ne pas tomber dans la victimisation ne veut pas dire ne pas dénoncer.
Les deux commissions d’enquête touchant particulièrement les femmes autochtones, soit l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées et la Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics au Québec, présidée par Jacques Viens, ont suscité beaucoup d’intérêt. Et les attentes envers la Commission Viens étaient particulièrement élevées.
Femmes Autochtones du Québec a d’ailleurs rapidement signifié sa grande déception quant au rapport déposé en septembre dernier. Bien qu’il contienne 142 recommandations, plus 21 autres concernant plus particulièrement le Québec, aucune n’aborde la sécurisation des femmes. Rien non plus sur le fait que la Sûreté du Québec exerce envers elles des formes de violence qui sont inacceptables. La question de la sécurité des femmes est pourtant l’un des aspects pour lesquels on attendait des réponses avec impatience.
« On a besoin que nos femmes aient autant de protection, de sécurité lorsqu’elles se promènent dans la rue que n’importe quelles autres femmes au Québec. On a besoin que le système judiciaire se mette en marche lorsqu’on dénonce des situations. On a besoin d’être regardées au même titre qu’une femme québécoise. On a besoin d’être considérées comme des êtres humains. On a des droits. On a besoin de vivre en toute sécurité », plaide Mme Michel.
Je pense que c’est effectivement la moindre des choses. Imaginez craindre simplement vous promener dans les rues ou d’appeler la police pour dénoncer un cas de violence conjugale ou un abus de pouvoir des forces de l’ordre par peur d’en subir des conséquences plus grandes. Imaginez devoir élever des filles dans cette peur constante.
Malgré tout, Femme Autochtone du Québec ne baisse pas les bras. La sensibilisation et l’information peuvent se traduire en pression populaire sur les gouvernements. Pour que les choses changent, il faut en parler.
Mireille Proulx
Coordonnatrice