25 février 2019
Le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, a répondu aux questions et aux réflexions que vous lui aviez adressées.
Avant les Fêtes, nous vous avons demandé, via les réseaux sociaux, de nous faire parvenir les questions que vous aimeriez poser au nouveau ministre de l’Éducation à l’occasion de la rentrée parlementaire.
Nous avions alors colligé le tout dans une lettre envoyée au ministre que nous avons également publiée sur notre site Internet.
Nous avons reçu un accusé de réception en janvier dernier, mais, il y a quelques jours, les réponses du ministre à plusieurs de vos questions nous sont parvenues dans une lettre de quatre pages.
Nous publions ici des extraits de la lettre du ministre, mis en lien avec quelques-unes des questions qui lui étaient adressées initialement. Vous pouvez aussi prendre connaissance de la version intégrale de la lettre du ministre de l’Éducation.
Intégration à tout prix des élèves en difficulté d’apprentissage ou de comportement
« Arrêter l’inclusion massive des élèves en grande difficulté ! Nous nous sentons abandonnés avec des élèves qui exigent l’impossible dans des milieux où les ressources sont manquantes ! » – Katherine
Réponse du ministre :
« Personne ne gagne quand un élève qui a besoin d’un niveau élevé de services d’adaptation est intégré de force dans une classe ordinaire : ni l’élève qui ne reçoit pas toute l’attention et tous les services auxquels il devrait avoir accès, ni l’enseignant qui se retrouve avec une tâche alourdie et une gestion de classe parfois plus compliquée, ni le reste de la classe. »
Ouverture de classes spéciales et de classes d’adaptation scolaire
« Ouvrir plus de classes spéciales afin qu’on ait moins d’élèves intégrés qui alourdissent les classes et qui ne reçoivent pas l’aide souhaitée […] » – Claude
« Je souhaite qu’il y ait plus de classes spéciales au primaire afin de répondre aux besoins des EHDAA, particulièrement TSA. […] Qu’on investisse dans le développement social de nos jeunes en injectant des ressources afin que TES, psychoéducateurs et psychologues puissent intervenir et offrir des thérapies aux besoins réels de chaque école. » – Marilou
Réponse du ministre :
« Le nombre de ces classes doit être déterminé en fonction des besoins des écoles, et non pas arbitrairement en fonction des classes disponibles. Chaque élève doit avoir l’accompagnement dont il a vraiment besoin pour l’aider à atteindre son plein potentiel. En gros, on vise des intégrations réussies et non des intégrations à tout prix. »
Diminution des ratios et augmentation des services aux élèves : services professionnels, accompagnement, dépistage, etc.
« Diminuer le nombre d’élèves par classe et fournir un accompagnement réel pour les élèves particuliers en classe régulière. » – Éric
« Démontrer que le travail de l’orthopédagogue sera efficace si on voit des enfants en petit groupe et plusieurs fois par semaine, plutôt que de voir plus de 40 élèves une ou deux fois semaine. Présentement, beaucoup de parents pensent que leur enfant a un service, car notre nom est sur le plan d’intervention mais, en réalité, a-t-il vraiment un service de qualité ? Non ! » – Brigitte
Réponse du ministre :
« Plusieurs études prouvent que le dépistage et la prise en charge précoces des enfants ayant des troubles neurologiques ou des retards de développement constituent un vecteur majeur de réussite scolaire. Cela renforce d’ailleurs notre volonté de rendre universel l’accès à la prématernelle 4 ans.
Mais au-delà du réseau scolaire, il y a une nécessité d’intervenir en amont. Notre gouvernement en est pleinement conscient et dans cette veine, nous avons annoncé la semaine dernière la mise en place d’Agir tôt, un programme gouvernemental visant justement le dépistage et la prise en charge des enfants ayant des retards de développement, et ce, dès le plus jeune âge. »
État des bâtiments : entretien, agrandissement, environnement de travail agréable et adéquat, etc.
« Moins d’élèves par classe et plus d’enseignants, donc plus de classes et agrandissement des écoles. Rendre les écoles plus propres et sécuritaires. » – Marie-Andrée
« Construire des locaux pour les spécialistes au primaire quand ils vont agrandir pour les maternelles quatre ans » – Érik
Réponse du ministre :
« Au Québec, il peut s’écouler six ans (et parfois plus!) entre le dépôt d’une demande pour la construction d’une nouvelle école, ou l’agrandissement, ou la rénovation d’une école existante. Ce délai est beaucoup, beaucoup trop long et ne nous permet pas de répondre efficacement aux défis auxquels nous faisons face. C’est pourquoi, avec mon équipe, je travaille à accélérer ce processus. Idéalement, nous voudrions raccourcir celui-ci à trois ans. »
Valorisation, de la protection de l’autonomie professionnelle et de la rémunération
« Je voudrais qu’on reconnaisse TOUT le temps que je donne à mes élèves et à mon école. J’aimerais que l’école privée disparaisse et que toutes nos écoles soient pareilles, avec des chances égales de réussite pour les élèves. Je voudrais que la profession d’enseignant soit valorisée. » – Annie
« Rémunération augmentée et/ou supplémentaire pour nos heures de correction et planification effectuées à l’extérieur des heures faites à l’école. Un plus grand budget pour des activités à faire auprès de nos élèves, du matériel scolaire et pédagogique aussi. » – Marie-Andrée
Réponse du ministre :
« […] il y a effectivement une nécessité d’agir pour redorer le blason de la profession. Les dernières années et les compressions qui les ont accompagnées ont mis à mal l’image de la profession.
[…] Et contrairement au précédent gouvernement, qui lors des dernières négociations entourant le renouvellement des conventions collectives proposait carrément aux profs d’en faire plus avec moins, nous aborderons les prochaines avec la nécessité d’en offrir davantage au personnel enseignant. Je crois que cela ne représente ni plus ni moins qu’un changement de paradigme. »
Violence vécue par le personnel de l’éducation
« En tant que parent, j’aimerais que les enseignants de mon enfant obtiennent toutes les ressources dont ils ont besoin pour enseigner, qu’on reconnaisse leur expertise et leur autonomie professionnelle, qu’on cesse d’ajouter des élèves aux besoins particuliers, qu’on élimine les tâches « bureaucratiques » et les réunions bidons afin de leur permettre de se consacrer à l’enseignement. J’aimerais aussi qu’ils soient mieux protégés de la violence, du harcèlement et de l’intimidation qui sévissent dans certains milieux. » – Manon
« […] Je voudrais que la violence subie par les travailleurs de l’éducation soit prise au sérieux. » – Annie
Réponse du ministre :
« J’ai bon espoir que les trois précédents aspects [L’accélération de l’accès aux services pour nos élèves, l’ajout de ressources professionnelles dans nos écoles et aucune compression dans le budget de l’Éducation pour la durée du mandat du gouvernement de la CAQ] contribueront à inverser une tendance malheureuse, c’est-à-dire l’augmentation des épisodes de violence et d’intimidation vécus par le personnel enseignant et le personnel de soutien dans nos écoles. »
Belles paroles ? Gestes concrets à venir ? Réelles solutions aux problèmes vécus dans les milieux ? Jugez-en par vous-même !
Lisez la version intégrale de la lettre du ministre de l’Éducation.