30 janvier 2019
Pour l’instant, mises à part l’implantation des maternelles quatre ans partout au Québec et l’interdiction du port de signes religieux pour les enseignantes et les enseignants qui seront des enjeux de société au printemps prochain, nous avons bien peu d’informations concrètes sur les changements que le gouvernement compte faire dans le réseau au cours des prochains mois.
En tournée médiatique avant les fêtes, le ministre Roberge a toutefois ouvert son jeu sur ses projets d’avenir pour les commissions scolaires. Nous savions déjà son intention de transformer ces dernières en centres de services dotés d’un nouveau mode de gouvernance : chaque conseil des commissaires sera remplacé par un conseil d’administration. Or, on apprenait, dans une entrevue publiée dans La Presse+, le 16 décembre 2018, que les membres de ce C.A. seraient nommés par cooptation.
Cooptation ?
C’est-à-dire que les membres du nouveau C.A. pour chacun des centres de services seraient nommés à même les personnes élues dans les conseils d’établissement des écoles et des centres rattachés à un centre de services, soit l’ancienne commission scolaire.
Pour ce qui est des parents et des membres de la communauté, c’est une chose. Mais qu’en sera-t-il du personnel enseignant et de soutien scolaire ? Leurs représentants au C.A. seront-ils aussi nommés par cooptation ?
Extrapolons un peu !
La personne représentante au C.A. de tout le personnel enseignant sur le territoire du centre de services serait donc choisie parmi les enseignantes et enseignants élus aux conseils d’établissement. Même chose pour la personne représentant le personnel de soutien.
Ces dernières prendraient donc part aux discussions et aux décisions prises au C.A. du nouveau centre de services. Au nom de qui parleraient-elles ? Où prendraient-elles leurs mandats ? Vous le savez, ce n’est pas parce qu’on enseigne ou travaille dans un secteur qu’on connaît finement les enjeux des collègues des autres secteurs ! Sans compter les disparités socioéconomiques d’une municipalité à une autre. Faudra-il prévoir une nouvelle structure de représentation et de consultation ? Et revoilà la « structurite » ! Exactement ce dont nous n’avons pas besoin en éducation !
Il existe présentement dans les établissements, les centres et les commissions scolaires, des représentants du personnel qui prennent des décisions en fonction de mandats octroyés en assemblées générales ouvertes à tout le personnel; on appelle ça des syndicats.
À force de vouloir tout changer, il arrive qu’on fasse pire. Nous pensons que cette avenue, si c’est celle que le ministre choisit, ne servira pas équitablement et démocratiquement le personnel de l’éducation. Nous laissons la chance au coureur, mais que le ministre se le tienne pour dit, nous resterons vigilants. Parce qu’une nouvelle structure dans le réseau pour affaiblir les syndicats en éducation serait bien mal venue.
Éric Gingras