30 janvier 2019
« Et puis y’a la toute vieille; Qu’en finit pas d’vibrer; Et qu’on attend qu’elle crève; Vu qu’c’est elle qu’a l’oseille; Et qu’on n’écoute même pas; C’que ses pauvres mains racontent; Faut vous dire, Monsieur; Que chez ces gens-là; On n’cause pas, Monsieur; On n’cause pas, on compte. » Vous connaissez la chanson de Jacques Brel ?
À la CSDM, on dit espérer « développer la formation professionnelle et la formation générale des adultes. C’est [leur] objectif avec les directions de ces centres-là ».
Or, l’ironie est que Le Devoir nous apprenait le 28 novembre dernier, dans un article de Jessica Nadeau et Marco Fortier, que ces secteurs-là se sont fait ponctionner, pour chacun de leurs élèves, un montant de quelque 700 $ en formation professionnelle et de 1262 $ à l’éducation des adultes par la Commission scolaire de Montréal 2017-2018.
Nous pourrions nous dire que ça ne nous touche pas, que c’est chez le voisin. C’est vrai, nous pourrions. Toutefois, il y a un passage inquiétant : « La CSDM n’est pas la seule à avoir recours à ces sommes pour financer d’autres secteurs. La Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ) confirme « qu’il peut effectivement arriver qu’une commission scolaire dégage une marge de manœuvre et fasse le choix local d’attribuer les sommes disponibles à d’autres besoins de ses élèves. » »
C’est tout simplement scandaleux ! Voilà des années que les enseignantes et les enseignants de l’éducation des adultes (ÉDA) et de la formation professionnelle (FP) réclament des services pour leurs élèves. Saviez-vous que ces élèves-là n’ont pas de codes ? En effet, leurs codes ont été aspirés par un trou noir séparant les études secondaires des études à l’ÉDA ou à la FP !
On comprend maintenant que des sommes qui devraient servir aux deux secteurs « adultes » soient détournées vers les besoins des élèves du secteur des jeunes.
Mais le comble, c’est peut-être que dans ce même article, la FCSQ rappelle que « la formation professionnelle et la formation aux adultes sont souvent les grandes oubliées lorsque le gouvernement parle des enjeux et priorités du réseau scolaire ». Hein ? N’est-ce vraiment que le gouvernement ou bien les commissions scolaires sont-elles aussi fautives ?
Certains diront qu’il y a eu une baisse de clientèle en ÉDA et FP. Hum… « Selon ce qu’a révélé Le Devoir le mois dernier, il y avait 353 professionnels « équivalents à temps plein » dans la formation des adultes en 2011-2012, pour tout le Québec. En 2015-2016, il en restait 303, soit une baisse de 14 % — plus que la diminution de 6 % du nombre d’élèves durant la même période. »
De plus, depuis l’implantation du renouveau pédagogique dans ce secteur, il y a eu un rehaussement des exigences couplé à une diminution des crédits par cours, ce qui augmentent le temps de parcours menant à la diplomation. Les élèves restent donc plus longtemps sur les bancs d’école.
À une certaine époque, l’éducation aux adultes a servi de vache à lait aux commissions scolaires, certaines allant jusqu’à créer des élèves fictifs pour aller chercher de l’argent supplémentaire. On a alors changé la façon de financer ce secteur. Maintenant, force est de constater que plus ça change, plus c’est pareil, au détriment de ces élèves-là, de ces gens-là.