16 janvier 2019
Avec l’arrivée des réseaux sociaux, les lieux d’échanges se sont multipliés et peuvent donner l’impression que la liberté d’expression est à son paroxysme. Les occasions et les moyens de donner son point de vue semblent à la portée de toutes et de tous et on peut se demander pourquoi, encore aujourd’hui, il faudrait se soucier de l’état de santé de la liberté d’expression. Après tout, ne sommes-nous pas dans une démocratie, un État de droit
Pourtant, parallèlement à ce dédouanement de la parole et de l’opinion individuelle, de plus en plus de législations restrictives viennent encadrer la liberté d’expression dans ses modalités.
De toute évidence, même si la Charte des droits et libertés protège certains principes fondamentaux, tels que le droit à la grève notamment, la menace d’une loi spéciale plane toujours sur les travailleuses et les travailleurs qui tentent d’exercer leur rapport de force à l’intérieur même de l’encadrement défini par la loi.
Pensons ici au cas, fort à propos, des récentes négociations collectives chez Postes Canada. En négociation pour le renouvellement de leur convention collective depuis près d’un an, les membres du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) ont amorcé des grèves tournantes le 22 octobre dernier, de façon à mettre de la pression sur l’employeur pour en arriver à un règlement. Faut-il rappeler que les négociations collectives chez Postes Canada ont un historique conflictuel depuis de nombreuses années ? Les négociations ont achoppé sur les salaires, la sécurité de l’emploi et la réduction des accidents au travail.
Le Syndicat reproche, depuis le début, à l’employeur son inaction et son manque de volonté à la table de négociation. Le STTP déplore que l’employeur attende notamment l’intervention du gouvernement dans le conflit, tel que cela s’est notamment produit en 2011. La période des Fêtes approchant, les débrayages ciblés et successifs entraînant des arriérés de courrier et de colis dans les principaux centres de tri de la société d’État à Vancouver, Toronto et Montréal, le gouvernement fédéral a finalement imposé une loi spéciale forçant le retour au travail des grévistes et la médiation entre les parties.
Sur papier, nous avons donc l’impression de pouvoir nous exprimer librement, mais dans les faits, encore faut-il en avoir réellement les moyens !
Autre exemple : la campagne préélectorale « On mérite mieux ! » organisée par une coalition syndicale. Vous vous souvenez de ces fameuses affiches « Libécaquiste/Caquibéral » avec les demi-visages de François Legault et de Philippe Couillard ? La coalition avait installé des affiches sur des poteaux d’utilité publique, qui peuvent pourtantêtre utilisés pour transmettre un message d’intérêt public. Une guerre ouverte s’en est suivie avec la Ville de Québec, qui les a retirées alors que, à contrario, la municipalité de Beauharnois les a laissées en place.
C’est à croire parfois que nous sommes plongés dans l’univers de Uderzo et Goscinny, en pleine maison des fous dans Les XII travaux d’Astérix, avec des règlementations à géométrie variable : à chaque région (voire municipalité), sa règlementation, certaines étant plus restrictives que d’autres.
Parce qu’il existe bel et bien une tendance à restreindre nos moyens d’expression, comme les manifestations, l’affichage ou même la grève, la mobilisation syndicale demeure pertinente et essentielle. Que ce soit à pied d’oeuvre dans les milieux, à titre de groupes d’influence à l’Assemblée nationale ou encore comme intervenants dans les médias, il importe que les syndicats continuent leur implication politique afin de contribuer à la sauvegarde de la démocratie et de ses institutions. L’objectif peut sembler gros, mais il se vit pourtant au quotidien, dans nos réflexions et nos actions. Et un de ces lieux est le comité sociopolitique !
Le comité sociopolitique