11 décembre 2018
Nous sommes régulièrement interpellés par des médias pour confirmer une nouvelle ou un événement survenu dans une école ou un centre. Les journalistes nous demandent généralement s’il est possible de les mettre en contact avec les enseignants ou les membres du personnel de soutien concernés, pour obtenir des témoignages. Pourquoi refusons-nous de le faire presque chaque fois et commentons-nous nous mêmes la nouvelle ? Précisément parce que le fameux devoir de loyauté nous est servi à toutes les sauces depuis quelques années.
L’affaire de cette enseignante d’une commission scolaire de la Rive-Nord qui a témoigné, à visage découvert, de sa réalité dans une chronique de Patrick Lagacé (La Presse+) en est un bel exemple. Cette réalité, nous la connaissons bien parce qu’elle est partagée non seulement par de très nombreux enseignants, mais aussi par le personnel de soutien scolaire. C’est vrai pour nos trois commissions scolaires, comme ça l’est tout autant en Gaspésie ou à Québec !
Certaines commissions scolaires utilisent le devoir de loyauté comme une épée de Damoclès pour faire taire celles et ceux qui parlent de notre réalité et dénoncent les nombreux problèmes du réseau de l’éducation. Ils sont plusieurs à vouloir faire taire celles et ceux qui tiennent l’école à bout de bras, mais ça ne fonctionnera pas.
Comme pour le congédiement de cette enseignante, invoquer d’autres aspects de son travail (personne n’est parfait !) pour semer le doute ne fonctionnera pas non plus. Parce que les propos qu’elle a tenus, des milliers d’autres membres du personnel de l’éducation à travers le Québec auraient pu les dire !
Par sa déclaration sur le sujet, nous croyons comprendre que le ministre Roberge nous appuie et qu’il appuiera celles et ceux qui dénoncent les problèmes dans nos milieux ! Mais il lui faudra agir concrètement, parce que la pression est forte en ce moment.
Il y a donc le devoir de loyauté envers notre employeur, certes, mais tel que défini par la jurisprudence. Soyons clairs : dénoncer nos conditions de travail difficiles, le manque de services dans nos milieux et la violence que nous subissons au quotidien, ce n’est pas manquer à notre devoir de loyauté.
Le Syndicat de Champlain ne vous recommandera jamais de vous prononcer individuellement et publiquement sur tous les maux présents dans notre quotidien, parce que nous tenons à vous protéger. Mais, collectivement, nous ne pourrons être muselés. Et c’est là tout le défi des organisations syndicales sur cette question : dépasser leurs simples intérêts corporatifs pour ne parler que d’une seule voix.
Madame Kathya Dufault, il y a 10 500 membres du Syndicat de Champlain derrière vous !
Éric Gingras