11 décembre 2018
La récente mise à jour de la liste des écoles primaires situées en milieux défavorisés crée beaucoup d’inquiétude dans les établissements. Le son de cloche des personnes déléguées est très clair à cet effet. L’objectif premier du financement additionnel associé à l’indice de défavorisation est d’offrir plus de services aux élèves qui proviennent de milieux défavorisés. Pourtant, avec le mode d’attribution actuel et donc, la révision de la liste des écoles défavorisées, on passe carrément à côté.
Suite au recensement du gouvernement fédéral en 2016, le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur du Québec a publié, au début du mois de novembre dernier, la mise à jour de la liste des écoles primaires situées en milieux défavorisés.
Dans l’ensemble, si certaines écoles bénéficieront, pour les prochaines années, d’une aide financière additionnelle en raison de la dégradation de la situation socio-économique de leur milieu, d’autres perdront le financement auquel elles avaient droit depuis 2006.
Le problème vient du fait qu’il s’agit toujours de la même tarte qu’on redécoupe et qu’on attribue différemment. Si le rang décile de certaines écoles s’améliore, c’est principalement dû au fait que d’autres milieux se sont appauvris. Mais les élèves issus de familles considérées défavorisées ne disparaissent pas avec la perte de la cote de défavorisation de leur école !
Car dans les faits, pour la plupart des écoles qui voient leur rang passer, par exemple de 9 à 7, ou encore de 10 à 8, les besoins demeurent. Mais les servi- ces additionnels ne seront plus possibles parce que leur financement sera coupé, pour être donné à d’autres écoles. Une stratégie complètement contre-productive, alors qu’on vise la réussite éducative de tous les élèves !
Rappelons brièvement que le classement par rang décile des établissements d’enseignement primaire est basé principalement sur l’indice de milieu socio-économique (IMSE), en fonction des données recueillies sur les familles avec enfants du Recensement canadien, dont les dernières données remontaient à 2006.
Les écoles classées aux rangs 9 et 10, considérées comme étant dans les milieux socio-économiques les plus défavorisés du Québec, bénéficient d’une aide financière supplémentaire. Ces sommes permettent de diminuer les ratios dans les classes et d’offrir plus de services d’appui et de soutien aux élèves. Sur la Rive-Sud de Montréal, où il existe des poches de pauvreté dans plusieurs secteurs, en dépit de la gentrification de certaines villes, la mise à jour de la liste ministérielle aura des impacts importants.
C’est le cas à la Commission scolaire des Patriotes, à Saint-Amable notamment, où les écoles primaires perdront une somme globale estimée à près d’un million de dollars par année. Ces pertes se feront normalement sentir dès l’an prochain. C’est un secteur en plein développement certes, avec la construction de nouveaux quartiers et l’arrivée de nombreuses familles, mais cette gentrification ne fait pas disparaître pour autant la pauvreté qui existe dans le milieu ni les besoins de ces élèves.
À la Commission scolaire de la Vallée-des-Tisserands, le jeu des chaises musicales affectera au total six écoles : deux perdront leur financement et quatre autres en gagneront. À la Commission scolaire Marie-Victorin, trois écoles se retrouvent maintenant dans les deux derniers déciles, mais l’école Adrien-Gamache perdra la subvention qu’elle obtient depuis de nombreuses années.
Les écoles, qui sont maintenant cotées aux deux derniers rangs déciles suite à la mise à jour, pourront offrir les services additionnels que réclame le personnel qui y travaille depuis longtemps. Ce qui est évidemment une bonne chose ! Mais pourquoi cela devrait se faire au détriment d’autres enfants, dont les besoins sont tout aussi importants ? De toute évidence, une révision du mode d’attribution de cette subvention s’impose. Minimalement, il faudrait que des mesures transitoires de financement pour les milieux qui perdront les services soient mises en place.
Le ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, Jean-François Roberge, a déclaré qu’il entend changer les règles pour ne pas couper le financement des écoles. En attendant des actions concrètes, le Conseil fédéral de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ) a adopté à l’unanimité, la semaine dernière, une proposition initiée par le Syndicat de Champlain en faveur du maintien du financement pour les écoles (inscrites à l’Annexe 46 de la convention nationale) dont l’indice du milieu socioéconomique s’est amélioré, pour leur permettre, notamment, de conserver les règles de formation des groupes en milieux défavorisés, au moins pour la durée de la présente entente.
Nous suivrons ce dossier de près !
Listes – Indices de défavorisation au primaire, par école et par immeuble, année scolaire 2017-2018 (juin 2017) |
Des Patriotes – Indices de défavorisation |
Marie-Victorin – Indices de défavorisation |
Vallée-des-Tisserands – Indices de défavorisation |
Maude Messier