31 octobre 2018
Depuis la nomination de Jean-François Roberge, vous êtes nombreux à me demander ce que j’en pense. Évidemment, je ne peux que saluer la nomination d’un enseignant à titre de ministre de l’Éducation. Tout comme je ne peux que laisser la chance au coureur à celui qui a toujours été ouvert au dialogue avec notre organisation au cours des dernières années, alors qu’il était député sur notre territoire et critique en matière d’éducation pour son parti. Mais attention, ce n’est pas parce qu’on a été prof qu’on connaît tout du réseau.
Malgré mon expérience comme enseignant au primaire à Saint-Hubert, au moment d’occuper les fonctions de président du Syndicat de Champlain, j’ai dû apprendre à connaître la réalité des collègues du secondaire, de la FP, de l’éducation des adultes, des classes spéciales, des techniciennes, des éducatrices, des concierges, des secrétaires, etc. J’ai été sensibilisé à la réalité de collègues qui œuvrent ailleurs qu’à Longueuil. De Huntingdon à Contrecœur, en passant par Boucherville : trois commissions scolaires, mais des réalités on ne peut plus différentes. Imaginez avec soixante-douze commissions scolaires sur l’ensemble du territoire québécois !
Ce que j’essaie d’illustrer, c’est que pour y arriver, le ministre devra faire preuve de beaucoup d’écoute envers le personnel de l’éducation et ses représentants syndicaux. « On écoute le monde dans les écoles, pas les syndicats et les groupes de pression. » Qu’il se le tienne pour dit, ce « spin » médiatique ne passera pas. S’il joue cette carte, c’est qu’il s’apprête à faire des changements idéologiques au lieu des changements réellement souhaités dans les milieux.
Au-delà des élections générales tous les quatre ans, le système politique québécois ne comporte pas vraiment d’éléments de contrôle démocratiques tel que le système américain de checks and balances, dans lequel il est possible de faire contrepoids au président, notamment via l’élection de membres du parti adverse aux élections de mi-mandat à l’une des deux chambres du Congrès, soit au sénat ou à la chambre des représentants.
C’est donc à nous, les syndicats, d’exercer ce contrepoids comme groupes de pression et lobbys démocratiques. Nos mandats, nous les prenons directement auprès des membres et des personnes déléguées. Nous assumerons donc notre rôle de checks and balances afin que les changements qu’amènera le ministre soient en phase avec les besoins et les souhaits du personnel des écoles et des centres. Lorsque ce sera le cas, même si, à priori, les syndicats et la CAQ ne font pas bon ménage, le ministre pourra compter sur notre appui.
Éric Gingras
Président