31 octobre 2018
La semaine dernière, j’ai assisté au conseil général de la Centrale des syndicats du Québec. Cette instance réunit toutes les fédérations qui la composent, dont celles des enseignantes et des enseignants et du personnel de soutien scolaire. Une chercheure de l’IRIS est venue présenter plus en détail les résultats de l’étude dont j’ai parlé dans un précédent article : Conditions de travail et compressions budgétaires. Portrait de la situation dans les écoles du Québec.
J’écoutais les données sur nos conditions de travail, les compressions astronomiques pour le domaine de l’éducation que tous les partis politiques disent au cœur de leurs priorités. Comme de notre côté, nous sommes, bel et bien, au cœur de l’école, un trou budgétaire récurrent de 1,4 milliard de dollars, ça donne la nausée…
Les coupures ont entraîné la fermeture de classes spéciales, l’entrée massive des élèves HDAA dans les classes ordinaires et des coupures drastiques dans les services. Ce faisant, la tâche s’est alourdie, la charge de travail également, l’épuisement s’est invité chez nous ou chez nos collègues, les heures du personnel de soutien ont été diminuées, les horaires de travail aussi et la précarité s’est immiscée tant chez le personnel enseignant que de soutien.
La charge, l’alourdissement, l’intégration ont créé des prises de congé partiel chez le personnel enseignant. De plus, chez le personnel de soutien, les horaires coupés et le salaire peu élevé ont provoqué des départs et, d’un côté comme de l’autre, des congés pour épuisement. Et tout le monde s’étonne maintenant qu’il y ait pénurie de personnel !
Au ministère, dans les commissions scolaires et même chez nos directions, on s’inquiète enfin qu’il y ait tant d’absences pour maladie ! On a complètement changé l’organisation du travail et on a demandé à tout le monde de faire plus avec moins.
Quand j’entends que des collègues se font dire que c’est leur gestion de groupe et leurs interventions (et quoi d’autre encore ?) qui sont à l’origine des comportements difficiles des élèves de leur groupe, je suis profondément insultée. On a tari le puits, mais on exige du propriétaire qu’il abreuve comme avant la population qu’il dessert. Il est bien plus facile de diriger le faisceau lumineux vers ceux-là même qui, au premier plan, subissent les coupes et doivent ensuite s’organiser avec les conséquences de celles-ci.
Et pourtant, malgré tout, selon l’étude de l’IRIS « L’attachement du personnel de l’éducation à leur emploi et à leur mission a été régulièrement mentionné par les répondantes et répondants. Ils veulent à la fois des emplois épanouissants et un système d’éducation fonctionnel. Plutôt que d’inviter des experts externes au domaine de l’éducation, il serait peut-être temps qu’on écoute ceux et celles qui œuvrent au quotidien dans les écoles et le réseau scolaire et qu’on priorise de leur assurer des conditions de travail décentes. Tout le monde y gagnerait. » Voilà et la valorisation serait au rendez-vous.
Mireille Proulx
Coordonnatrice