17 octobre 2018
Au cours des quelque trente dernières années, les services de garde en milieu scolaire ont connu un grand essor : près de 60 % des élèves les fréquentent aujourd’hui.
Pourtant, le travail accompli par le personnel éducateur demeure peu reconnu, peu valorisé et la pénurie de main-d’œuvre, dont on parle beaucoup chez le personnel enseignant, est une réalité tout aussi préoccupante dans les milieux de garde scolaire. Les techniciennes en service de garde se retrouvent au front, à devoir conjuguer avec la pénurie et ses conséquences : débordement, essoufflement, problèmes d’attraction et de rétention, etc.
Un comité de travail a donc été formé au Syndicat de Champlain, composé d’une dizaine de techniciennes en service de garde, pour se pencher sur la situation.
Les membres du comité ont colligé pendant plusieurs semaines les témoignages, l’argumentaire et les solutions des techniciennes dans les différents milieux, notamment via des questionnaires et des sondages. Du fruit de leur travail résulte un rapport qui expose leurs différents constats et surtout, leurs solutions. Ces solutions seront d’ailleurs présentées lors d’une rencontre entre le Syndicat et la Commission scolaire des Patriotes.
Nous reproduisons ici certains segments du document qu’elles ont préparé afin de mieux faire connaître leur réalité quotidienne. Certains aspects présentent des similarités avec des irritants qui existent aussi parmi le personnel enseignant.
Précarité, quand tu nous tiens !
Le nombre d’heures par semaine de travail et les horaires coupés sont ciblés comme des facteurs principaux à la pénurie de personnel. « Les horaires de travail en garde scolaire offrent un nombre d’heures peu attrayant, du moins pour les personnes qui pourvoient un revenu principal. Dans les faits, la majorité des postes en milieu de garde scolaire gravitent autour d’une vingtaine d’heures par semaine ce qui est bien peu pour assurer un salaire convenable.
Aussi, les horaires coupés demeurent un irritant lorsque la personne effectue une vingtaine d’heures par semaine. Se rendre au travail pour à peine 60 minu- tes, dans certains cas, demeure peu attrayant. » Les membres du comité évoquent la possibilité de combler des remplacements au sein de l’école, ce qui permettrait d’augmenter les revenus du personnel éducateur.
Diminution des temps de planification
De plus, « […] on a connu, au cours des dernières années, une réduction des temps de planification rémunérés et des temps de battement. Pourtant, les exigences quant aux responsabilités du personnel éducateur sont demeurées les mêmes. De ce fait, le personnel éducateur exécute, trop souvent, des heures non rémunérées pour répondre aux exigences de leurs fonctions. »
« Les temps de battement, […] ces quelques minutes, qui permettent au personnel éducateur de préparer leur matériel, de prendre les messages qui concernent les enfants, de mettre au point des interventions auprès des enfants, d’assurer des suivis auprès du personnel de l’équipe-école et des parents, ont été considérablement réduites. » Donc une fois de plus, le personnel éducateur assume certaines tâches nécessaires, sans être rémunéré.
Enfants à besoins particuliers
« […] Trop souvent, le code de difficulté de l’enfant n’est pas pris en compte aux heures du service de garde entre autres, lors de la format ion des groupes. L’absence de techniciens en éducation spécialisée ou de préposés aux élèves handicapés, pour assurer un suivi sur les heures de service de garde, amène une surcharge de travail pour le personnel éducateur et technicien en service de garde.
Alors que [le personnel] use de moyens et de stratégies pour accueillir ces enfants à besoins particuliers avec les ressources dont il dispose, on voit encore trop rarement les direct ions d’établissement inviter le personnel éducateur aux rencontres des plans d’intervention des élèves qui fréquentent leur milieu. Ainsi, le personnel éducateur, qui côtoie [les élèves] parfois autant de temps dans une journée que le personnel enseignant, est peu impliqué dans les objectifs à atteindre et les moyens à privilégier auprès des enfants.
Il devient alors bien difficile d’assurer une continuité et une cohérence auprès de l’élève […]. »
« Les horaires coupés, le nombre d’heures peu attrayant, la difficulté à obtenir un temps plein, […] l’inclusion des élèves à besoins particuliers et le manque de ressources pour soutenir le personnel éducateur dans leurs di- verses fonctions sont au nombre des facteurs qui expliquent la pénurie de personnel en milieu scolaire. » Voilà qui sonne comme un refrain bien connu !