10 septembre 2018
J’ai décidé de commencer doucement. Juste des souhaits, un espoir. Peut-être suis-je fleur bleue ou peut-être un peu trop guimauve grillée ! Est-ce la chaleur de cet été ? Le bon vin ? Les tomates si bonnes quand on les cueille bien chaudes avant de les déguster ? Certainement, et la lecture d’un magazine fort intéressant, Nouveau Projet.
Y est abordé, dans cette treizième édition, le thème de la qualité de vie. Différents auteurs, sous différents angles, revisitent certains concepts connus : productivité optimale, logique chiffrée, rendement, évaluation, fric, vitesse, efficience, économie…
Aujourd’hui, dans notre société, ces mots sont monnaie courante, mais plusieurs chercheurs, sociologues et philosophes questionnent, de plus en plus, ceux qui sont reliés à la gestion du personnel. Pourquoi ? Peut-être parce que « Soixante pour cent des travailleurs considèrent que leur vie professionnelle a des répercussions négatives sur leur santé et leur vie personnelle. » peut-on lire sous la plume de Marie-Claude Élie-Morin qui rend compte de données provenant de la firme montréalaise GSoft.
Où est l’odeur sucrée de ta guimauve, me direz-vous ? Dans les souhaits que je formule à nos dirigeants de commission scolaire, à nos directions. Il y a des solutions pour changer les climats de travail, pour rendre notre santé meilleure et pour retrouver le sens du plaisir au boulot. Plusieurs chercheurs universitaires spécialistes de la question proposent des solutions intéressantes.
Prendre le risque de l’écoute, de l’écoute attentive des employés. N’est-ce pas l’essentiel ?
Offrir des commentaires encourageants, en nommant le projet, le geste, l’action et en expliquant pourquoi. Trop simple, diront certains. Alors, faisons-le plutôt que de prendre le chemin de la critique !
Oublier les cibles chiffrées ! Dans le monde de l’éducation, ces deux mots rendent les travailleurs malheureux, anxieux. Ils créent un choc des valeurs. « Le mot efficience, par exemple, est souvent employé pour combiner efficacité, qualité et coûts peu élevés. Or, c’est une injonction paradoxale pour les travailleurs : on leur demande de prendre moins de temps et de ressources pour faire mieux », explique Isabelle Hudon, doctorante en relations industrielles à l’Université Laval, dans l’article de madame Élie-Morin.
Il devient alors difficile d’agir pour le bien de l’élève et en tenant compte des individus qui composent la classe quand le regard du patron est tourné vers des chiffres, vers l’image que son école projettera. L’intervenant, quel qu’il soit, se trouve piégé entre son besoin de bien faire son travail et des objectifs comptables dont les assises n’ont rien à voir avec l’enseignement dans son sens noble.
« Malgré des décennies de recherche sur les effets pervers des modes de gestion autoritaires, ils sont encore la norme dans le monde du travail […] On demande aux employés de garantir des résultats sans leur donner ni le temps de prendre des décisions éclairées ni le droit de se tromper », écrit l’auteur. On entend souvent qu’il faut être créatif, qu’il faut penser en dehors de la boîte. Ce n’est possible que si l’erreur demeure humaine, que si les mesures disciplinaires et les remontrances ne sont pas l’arme ultime pour faire taire.
Faire confiance aux gens en place, à leur savoir, à leur expérience. Bref, de laisser de l’autonomie au personnel. De cesser de douter de l’expertise. De ne pas surcharger les tâches. De prendre soin de toutes les personnes de l’équipe, de la même façon, avec respect et équité.
Fleur bleue ? Je ne crois pas. La santé du personnel de l’éducation vaut la peine qu’on essaie.
Mireille Proulx,
Coordonnatrice