14 mai 2018
Nous avons tous été secoués par les résultats sur le taux de diplomation rapportés par Mia Homsy, directrice de l’Institut du Québec. Un institut mis en place par le Conference Board et HEC Montréal, doit-on le rappeler, et dont le président est l’ex-ministre libéral Raymond Bachand. Bien entendu, cela ne change pas l’importance des thèmes qui ont été abordés dans ce rapport. Toutefois, ça permet de les mettre en perspective.
Étonnamment, le rapport de Madame Homsy nous indique que le taux de diplomation au Québec est de 64 % alors que par le passé, on a toujours parlé d’un taux variant autour de 80 %. Voulant nous comparer avec l’Ontario, cette dernière ne tient ainsi compte que des cinq années du secondaire.
« Or, même en prenant en compte les 20 % d’enfants qui fréquentent une école secondaire privée au Québec – c’est moins de 5 % dans les autres provinces -, la performance globale du Québec reste en deçà des autres provinces canadiennes avec un taux de diplomation sous la barre des 68 % », écrira Jessica Nadeau dans son article sur le rapport de Mia Homsy, paru dans Le Devoir du 2 mai 2018.
Hum… comment dire ? Le fait d’isoler la performance des enfants allant au privé peut sembler avoir peu de poids sur le pourcentage final. Mais c’est ignorer volontairement l’influence positive qu’ils auraient sur les autres élèves en classe ordinaire, de là l’importance des classes équilibrées.
La structure de notre système d’éducation est ainsi bâtie que les secteurs de l’éducation des adultes et de la formation professionnelle (qui accueille des élèves n’ayant pas terminé la cinquième secondaire) permettent à plusieurs d’acquérir un diplôme avant l’âge de 20 ans. Faire fi de ces secteurs importants et de leur travail, c’est couper court.
Alors, quand madame Homsy ne souligne pas qu’en Ontario, les élèves doivent terminer une douzième année plutôt qu’une onzième année comme au Québec pour obtenir un diplôme, elle compare une pomme avec une orange ! C’est sans compter également la note de passage qui est de 50 % dans la province d’à côté.
Fort heureusement, l’écart trop important qui existe entre les filles et les garçons n’a pas été imputé à la proportion plus élevée de femmes en éducation.
Il est d’ailleurs intéressant de souligner une étude, publiée en 2014, qu’a rappelée à nos mémoires Patrick Lagacé, dans La Presse du 4 mai 2018, par un article intitulé « Des garçons et des écoles ». On y apprend qu’« en analysant 369 études scientifiques portant sur les notes d’un million de garçons et de filles, dans 30 pays, depuis des décennies, les Voyer – collègues et époux – ont constaté une vérité contre-intuitive…
« Les filles ont toujours eu plus de succès à l’école.
« […] « Ce n’est ni un problème québécois ni un problème nouveau. Les 369 études que nous avons analysées remontent aussi loin qu’il y a 100 ans », dit Daniel Voyer. »
Pour en revenir à madame Homsy, au taux de diplomation, à l’écart entre filles et garçons, elle a des solutions. Mais je crois qu’elle s’est grandement inspirée du livre du ministre Proulx !
Premièrement, pas un mot sur le financement public des écoles privées et sur l’exode de plusieurs élèves. Deuxièmement, ce ne serait pas une question de financement, l’Ontario et le Québec se comparant, semble-t-il… Mais l’auteure du rapport a choisi de taire les coupures d’un milliard de dollars des dernières années. « Le problème semble tenir davantage aux façons de faire actuelles et au choix des mesures et des programmes mis en place pour améliorer la diplomation. »
Comment améliorer la situation alors ? Le rapport propose la mise en place de la maternelle à 4 ans, l’obligation d’aller à l’école jusqu’à 18 ans, la création d’équipes spécialisées dans la lutte contre le décrochage scolaire dans chaque école, la flexibilité et la souplesse du système scolaire, l’importance de la formation continue des enseignants, de l’évaluation de la performance et la présence d’un ordre professionnel des enseignants, et une prise de décision basée sur les pratiques probantes soutenues par la recherche !
Et pour les garçons, maintenant, on fait quoi ?