12 avril 2018
L’article « Enseignante retirée après des propos «inacceptables» », dans le Journal de Montréal de dimanche, a suscité beaucoup de réactions. Sur le fond, on en convient, l’enseignante semble avoir effectivement utilisé un vocabulaire inapproprié en publiant sur les médias sociaux ses états d’âme concernant certains des élèves en difficulté intégrés dans sa classe régulière.
Pression intenable ? Manque de ressources ? Détresse ? De nombreuses raisons peuvent expliquer ses propos, sans les excuser. Reste qu’elle témoignait d’une réalité bien connue par beaucoup d’entre nous quant à la contrainte excessive que provoque un trop grand nombre d’élèves intégrés en classes régulières.
Ce sont toutefois les propos tenus par la présidente par intérim de la Coalition de parents d’enfants à besoins particuliers du Québec, Madame Bianca Nugent, qui m’ont fait bondir : « Les parents n’ont pas été surpris non plus puisque de tels préjugés « dénigrants » existent dans le milieu scolaire. (…) ces propos s’inscrivent dans une rhétorique syndicale qui incite les profs « à dire n’importe quoi » au sujet des élèves en difficulté. » Hein ? Quoi ?
Ce n’est pas tout ! « Selon Mme Nugent, il faudrait aussi que les enseignants acceptent de remettre en question leur niveau de compétence (…) Elle croit que ce cas illustre la nécessité de créer un ordre professionnel des enseignants au Québec. » Sérieusement, c’est qui ça, Bianca Nugent ?
Alors que l’éducation investit une place plus grande dans la sphère publique, différents groupes d’intérêts interviennent sur une panoplie d’aspects qui touchent notre quotidien. Il faudra être vigilants, car si certains peuvent être des alliés, d’autres proposent des solutions qui sont à l’opposé de ce en quoi nous croyons.
C’est, de toute évidence, le cas de la Coalition de parents d’enfants à besoins particuliers du Québec. Justifiant son existence par une page Facebook qui rejoint 2000 parents, la Coalition a vu le jour le 17 février 2017. Son assemblée de fondation a rassemblé une vingtaine (!) de personnes qui ont élu un conseil d’administration de neuf membres.
Si je comprends bien, une poignée d’individus, probablement bien intentionnés au départ, se permettent maintenant, par l’entremise de leur porte-parole, de commenter l’actualité en éducation pour faire avancer leur cause au détriment des vrais acteurs du réseau ? Ces déclarations incendiaires sont bien mal venues dans le contexte actuel, alors que la pression sur le personnel de l’éducation est à son comble.
Vous en voulez plus ? Voici une perle trouvée sur la page Facebook de la Coalition : « Les modifications [de notes au bulletin] justifiées permettent à plusieurs élèves de demeurer en classe régulière tout en maintenant leur estime de soi. La question des notes est un faux débat démontrant malheureusement notre vision très limitative de la réussite qui peut être différente pour une certaine proportion des élèves sans affecter le taux de diplomation des autres. »
Quand on est capable d’écrire ça, on est capable de dire n’importe quoi !
Éric Gingras