28 mars 2018
Comme moi, vous avez entendu tous ces qualificatifs pour décrire le budget 2018-2019 du Québec déposé par le gouvernement libéral mardi dernier : « électoraliste », « feux d’artifices », « chapelet de bonnes intentions », etc. On s’attendait à des mesures budgétaires qui vont dans tous les sens pour plaire à tout un chacun. C’est exactement ce qu’on nous a servi, un buffet d’annonces sans réelle cohérence, des manœuvres électorales à peine voilées.
D’un point de vue citoyen, vous serez en mesure d’évaluer et, selon, d’apprécier les mesures qui peuvent vous toucher dans votre quotidien. Ni vraiment de droite ni de gauche, davantage d’extrême centre, ce budget ne s’inscrit pas dans l’esprit des années d’austérité, de rigueur et de réingénierie à la sauce néo-libérale. Au contraire, il y a des bonbons pour toutes et tous ! Mais attention, quand on parle d’éducation, il est faux de prétendre, comme il le laisse entendre, que le gouvernement procède à un « réinvestissement massif ».
Globalement, il est vrai que l’éducation occupe une part importante du budget. Mais lorsqu’on met de côté : le réinvestissement pour les universités (que nous saluons), les 15 millions $ par année qui seront désormais versés aux étudiants de bac 4 en éducation en compensation financière pour leur dernier stage (un résultat positif de nombreuses années de lutte même si ce n’est pas tout à fait à la hauteur du montant souhaité) ainsi que toutes les sommes inscrites au budget qui ont déjà fait l’objet d’annonces au cours des derniers mois (et parfois même plusieurs fois ! #faussesannonces), au fond, il ne reste plus grand-chose.
La vérité, c’est que ce budget n’imposera pas de coupures en éducation cette année ni l’an prochain. Le réseau pourra même bénéficier d’un peu d’argent frais pour l’ajout de ressources professionnelles, mais ça s’arrêtera là. Et pour les années suivantes, les prévisions budgétaires suffiront tout juste à couvrir la croissance (normale) des dépenses du réseau.
D’ailleurs, on pourrait aussi discuter de l’efficience de ces ajouts de ressources pour lesquels le ministère n’a aucune donnée. Parce que force est de constater que les annonces d’ajouts de milliers de ressources depuis deux ans ne se font pas sentir dans les milieux.
Il semble qu’il n’y aura jamais assez de ressources, du moins jamais assez pour nos besoins. En attendant, les résultats tangibles se font cruellement attendre et le personnel écope. Alors sans laisser tomber nos revendications ni même les mettre de côté, serions-nous arrivés au point où il faudrait penser plus à nous ? À parler de nos salaires, de nos assurances, de nos congés de maladie, du nombre d’élèves dans nos groupes ? Parce qu’au quotidien, ces éléments pèsent aussi dans la valorisation du personnel de l’éducation !
Éric Gingras