1 février 2018
Qui n’a pas déjà entretenu des préjugés sur la formation générale des adultes (FGA) ? Non pas par mauvaise foi, mais par manque d’informations. Méconnue, la FGA est pourtant un secteur en constante évolution, un rempart fondamental de notre système public d’éducation.
Marquée par la création de mouvements agricoles, ouvriers, syndicaux, sociaux, coopératifs et de groupes de femmes qui proposaient des activités d’apprentissage destinées aux adultes, l’histoire de l’éducation des adultes (ÉDA) au Québec remonterait au XIXe siècle.
FGA : de quoi parle-t-on au juste ?
La formation générale des adultes comporte différents volets, tels que l’intégration sociale et socioprofessionnelle, la francisation, l’alpha-présecondaire et la formation générale, qui mène à l’obtention d’un diplôme secondaire.
Au départ considérée comme une formation technique principalement axée sur le marché de l’emploi, la mission de l’éducation des adultes a considérablement évolué. Saviez-vous que le nouveau curriculum de la FGA ne doit plus se limiter strictement à la préparation à l’emploi, au recyclage et au rattrapage scolaire ? Il doit dorénavant, nécessairement inclure une valeur ajoutée sous forme de compétences citoyennes et culturelles.
Qui fréquente l’ÉDA ?
Selon les données du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (2015), un peu plus de 260 000 élèves sont inscrits en FGA chaque année au Québec. De ce nombre, 30 % ont 19 ans ou moins. La proportion grimpe à 51 % si on inclut ceux qui ont entre 20 et 24 ans.
Les caractéristiques des élèves ont radicalement changé au fil des années, passant essentiellement d’une clientèle mature, autonome, responsable financièrement, comptant généralement une expérience de vie, à une clientèle composée massivement d’élèves plus jeunes, avec bien souvent des difficultés d’apprentissage et des troubles du comportement.
La très grande majorité de ces élèves ont généralement connu un parcours scolaire difficile (et bien souvent un parcours personnel tout aussi difficile). La clientèle en FGA est donc aussi complexe que diversifiée.
Particularités et contraintes
De jour comme de soir, les enseignants en FGA doivent s’assurer du suivi des élèves pour leur assiduité et leur rendement scolaire, mais ils doivent aussi composer avec des situations de vie qui font partie intégrante du quotidien de ces élèves, jeunes et moins jeunes, pour s’y adapter.
À un moment ou à un autre, l’enseignant cumule donc plusieurs « rôles » pour aider ces élèves : motivateur, travailleur social, psychoéducateur, tuteur, parent, médiateur, conseiller en orientation et en information scolaire, orthopédagogue, en plus de celui d’enseignant.
Saviez-vous que le taux de précarité dépasse pourtant 74 % chez les enseignants aux adultes, en comparaison de 37 % au secteur jeunes ? Par exemple, les contrats peuvent se terminer, ou encore changer en cours d’année, selon la fluctuation de la clientèle.
Par définition, une classe en FGA est un environnement d’apprentissage multiniveau et multimatière dans lequel il y a des entrées et des départs continus. Les enseignants composent aussi simultanément avec différentes méthodes d’enseignement : individuelle, magistrale, approche par projets, enseignement explicite, etc.
Saviez-vous qu’il n’existe aucun ratio en FGA ?
D’ailleurs, si les difficultés d’apprentissage d’un élève le suivent nécessairement dans son passage entre le secteur des jeunes et la FGA, eh bien les « cotes », le financement et les services ne suivent pas ! Les statistiques de fréquentation démontrent pourtant que bon nombre de jeunes en difficulté se retrouvent en FGA, faute d’arriver à compléter leur parcours en cheminement régulier.
Le Comité éducation des adultes
À lire dans le prochain numéro du journal Le Champlain : deux textes sur le quotidien d’un prof et sur la composition d’une classe en FGA.