Les profs ça se plaint toujours, pis ç’a plein de congés!

31 janvier 2018

Mais, ce week-end, la réalité vécue dans les classes des écoles publiques a pris le pas sur les mythes véhiculés par les médias et par certains discours tendancieux de nos élites politiques.

En effet, la journaliste Marie-Christine Noël, du Journal de Montréal, s’est payé un mois de dur labeur dans la peau d’une suppléante, incognito, afin de pouvoir témoigner de la réalité en la vivant. Elle dira lors de la dernière semaine : « L’expérience se termine à mon grand soulagement. […] Un mois de stress, de patience, de gestion et débrouillardise. »

C’est intéressant de lire le constat de son expérience en présentation de son texte  : « Élèves en crise, classes surchargées, insultes, épuisement et parfois même menaces : les professeurs et suppléants du Québec ont la vie dure. Je n’ai pas été surprise par son récit ni des sentiments qui l’ont habitée de la classe décrite avec grand réalisme. « […] des enfants se disputent pour des crayons, se lèvent sans raison, courent entre les bureaux et un refrain résonne en boucle dans toute la classe : « Je comprends pas et ça me tente pas, madame (sic) ». »

Alors pourquoi ces mythes tenaces face à la profession enseignante ?

Quand un gouvernement coupe un milliard de dollars en éducation, il lance un message sur l’importance qu’il accorde  à ce secteur public dont il a la charge. Quand un gouvernement s’appuie sur la mise en place d’un institut d’excellence, sur la divulgation d’études et de données probantes, et sur la création d’un ordre  professionnel comme d’une panacée à toutes les difficultés, il laisse entendre à la population que le problème, ce sont les enseignantes et les enseignants.

Quand un gouvernement fait fi des ratios élevés dans les classes, de l’intégration d’élèves qui sont mal servis par la classe ordinaire, des services qui ne sont pas à la hauteur des besoins, de la profession qui n’attire plus d’étudiantes et d’étudiants dans les universités, des parents qui croient leur enfant plutôt que l’enseignant, de la violence de plus en plus présente dans les classes, ce gouvernement souffre d’aveuglement volontaire.

C’est beaucoup plus facile de dire aux enseignants : « As-tu pensé à établir une relation avec l’élève ? Tu devrais assister à une formation sur la gestion de classes ou les élèves difficiles ou…  » C’est plus facile de remettre tout le poids de la réussite des élèves sur les épaules des enseignants et de s’en laver les mains.

Y a-t-il une réelle volonté d’améliorer l’école ?

Depuis 2007, sept titulaires se sont succédé au poste de ministre de l’Éducation… Du plan de la ministre Courchesne « L’école, j’y tiens ! » à  « La politique de la réussite éducative » du ministre Proulx, la solution à tous les maux en éducation est passée par une vision comptable de celle-ci.

Dans tous les cas, on veut atteindre de jolies statistiques, mais jamais on n’aborde les millions de dollars qui seraient nécessaires pour y arriver. Jamais on n’aborde le financement des écoles privées, jamais on n’aborde les projets particuliers sélectifs.

Au lieu de ça, le ministre Proulx fait un show avec le Lab-École et ses vedettes pour penser l’école de demain…

Parlant de show, Pierre Lavoie a, une fois de plus, volé à notre rescousse  : «  Dans le Lab-École, toutes les écoles auront des buttes [de neige]. S’il n’y en a pas, on va en créer. Ce sera obligatoire. » (Y’a des matins, 25 janvier 2018, Radio-Canada Saguenay-Lac-St-Jean)

Pendant ce temps, Sébastien Proulx continue de saupoudrer de l’argent ici et  là, préférant avoir une vision électoraliste plutôt qu’une vision réelle et globale de l’éducation.

C’est probablement aussi pour cela que Marie-Christine Noël termine son texte ainsi  : « Si j’avais choisi ce métier, je ferais assurément partie de ce 25 % des nouveaux enseignants qui abandonnent le métier au cours de leurs cinq premières années de pratique. »

Mireille Proulx
Coordonnatrice