14 décembre 2017
Leur quartier général, dans une école de la Commission scolaire Marie-Victorin,est décoré pour Noël, tapissé d’affiches du Syndicat de Champlain, de notes et d’extraits de conventions collectives.Le local est adjacent à la salle où se déroulent les séances de négociation avec les représentants de la Commission.
Nous y avons rencontré l’équipe de négo syndicale, composée de sept personnes :Patrick Jasmin, Jean- François Guilbault, Ani Deschênes, Sylvain Chabot, Caroline Manseau, Annick Coulombe et Geneviève Bourbeau. Les quatre premiers sont au QG à temps plein, les autres font l’alternance entre celui-ci et le bureau du Syndicat pour assurer la continuité des services aux membres.
Une négo locale, c’est quoi ?
« On négocie deux jours et demi par semaine. L’autre moitié de la semaine, on travaille sur les textes, on les réécrit, on fait de la recherche, on fouille les lois, la jurisprudence, d’autres conventions collectives, on consulte, on discute », explique Patrick Jasmin pour illustrer leur quotidien depuis le 13 novembre dernier.
« La différence entre la négo locale et la négo nationale, c’est qu’on est vraiment dans le cœur du quotidien des enseignants : comités de participation, répartition des tâches, liste de priorité d’emploi, perfectionnement, arrangements locaux, congés spéciaux, liste de rappel, etc.», ajoutent Caroline Manseau et Jean-François Guilbault.
Des orientations diamétralement opposées
Les sept acolytes soutiennent que dès qu’il est question d’argent,le mantra des représentants de la Commission est la bonne gestion des fonds publics. « Pour un employeur qui n’a pas négocié la convention locale depuis 1999, cette rigidité, dès qu’il s’agit d’investir un tant soit peu, nous semble mal venue. »
Rappelons que l’entente locale remonte à la création de la C.S. Marie-Victorin, au moment des fusions des commissions scolaires en 1998. Il s’agit donc d’un agglomérat de différentes clauses issues de différentes pratiques.
« C’est précisément l’objectif de cette négociation : harmoniser et actualiser les pratiques », nous expliquent-ils. Bien entendu, la conciliation travail-famille est au cœur des préoccupations de la partie syndicale, tout comme la reconnaissance du professionnalisme du personnel enseignant.
Si les pourparlers à la table se déroulent cordialement, les divergences dans les orientations des parties quant à leurs demandes sont indéniables.
« Les demandes patronales nous apparaissent paradoxales lorsque l’employeur suggère d’obtenir plus de pouvoir tout en réclamant moins de lourdeur, insiste Jean-François. Pour donner un exemple concret, l’employeur veut éliminer les étapes de gradation des mesures disciplinaires. »
« Il ne tient pas compte du professionnalisme des enseignants et ça transpire dans plusieurs demandes, par exemple dans le fait qu’il souhaite réduire le nombre de représentants d’enseignants sur tous les comités de participation, ajoute Caroline. Sans compter qu’il veut avoir plus de pouvoir pour les directions dans la répartition des tâches, prétextant qu’elles sont « les mieux placées pour le faire » ! Ça ouvre carrément la porte au favoritisme des directions. »
Sur ces mots, tout le monde se regarde. Ils ont visiblement tous pensé à la même chose.
« Oui mais moi, ma direction est fine ! »
« Les membres doivent avoir en tête que les demandes patronales qui nous sont présentées viennent des besoins exprimés par les directions, expliquent-ils. Ces dernières sont toutes au jeu dans cette négociation. Ce sont leurs demandes, ne l’oubliez pas ! »
Un plan de visibilité est présentement déployé dans les milieux : affichage dans les établissements et communications sur les plateformes du Syndicat, etc. D’autres activités sont aussi prévues si les négociations devaient stagner, précise Ani Deschênes.
« C’est comme si les représentants de la Commission avaient oublié que cette négociation, c’est un projet collectif des membres. Ils ont été consultés pour construire nos demandes et nous sommes redevables parce que nous les représentons, soutient-elle. Alors naturellement, ils doivent être mis au jeu et informés de ce qui se passe. Ce n’est pas une cloche de verre indépendante du reste. Mais ça les achale qu’on parle de la négo, qu’on s’affiche dans les milieux. »