16 novembre 2017
D’entrée de jeu, soyons clairs : les syndicats ne sont pas contre le fait que des personnalités publiques veuillent s’investir en éducation, comme semble vouloir le faire les trois fondateurs du Lab-École. Les syndicats ne sont pas non plus contre le fait qu’on veuille changer les écoles du Québec, pas plus qu’ils s’opposent aux idées innovantes en éducation.
Les syndicats ont simplement la mémoire très longue.
Les syndicats se souviennent de toutes ces réformes, ces renouveaux, ces fausses bonnes idées, ces faux changements et ces promesses rompues.
Les syndicats se souviennent aussi que tout cela s’est fait sur le dos de celles et de ceux qui travaillent avec les enfants, qui œuvrent au quotidien dans le réseau. Celles et ceux à qui on demande d’en faire toujours plus !
Les syndicats ne sont pas réactionnaires ; ils sont pragmatiques. Des serres et des potagers dans les écoles, c’est une superbe idée ! Mais qui s’en occupera pendant le congé des Fêtes ? Le personnel enseignant dont la tâche explose et déborde sans qu’elle ne soit pleinement reconnue ? Le personnel de soutien dont les heures et les postes ne cessent d’être coupés ?
Il y a une limite au bénévolat. On dit souvent qu’œuvrer en éducation, c’est une vocation. Ça ne veut pas dire pour autant que nous sommes tous des émules du Candide de Voltaire !
Les syndicats veulent que les écoles du Québec soient belles, technologiques, propres, ergonomiques, saines, vivantes et surtout, que les enseignantes, les enseignants, le personnel de soutien et les professionnels s’y sentent bien, écoutés et épaulés dans leur autonomie professionnelle.
Les syndicats ne veulent pas seulement cinq belles écoles ; ils veulent que les 3 000 écoles du Québec le soient. Et surtout, avant 2021 !
Finalement, les syndicats savent que pour y arriver, il faut des investissements massifs. Mais le gouvernement préfère vendre des initiatives comme le Lab-École à grand bruit, en se gardant bien de ne pas trop s’engager.
« Comme son nom l’in-dique, le projet [Lab-École] est présenté comme un laboratoire. Il n’engage donc aucunement le ministre de l’Éducation à y donner suite », lisait-on dans le journal Métro le 7 novembre dernier. Booya !, comme dirait ma fille !
Parce que derrière le charme et l’apparat, en dépit de la sincérité des gens du Lab-École, il y a aussi la mécanique de relations publiques d’un gouvernement qui, rappelons-le, est dans une année préélectorale. Ça aussi, les syndicats le savent.