1 novembre 2017
Bien que certains sujets fassent couler beaucoup d’encre, on ne peut passer à côté. Ces dernières semaines, des personnalités connues ont été dénoncées pour agressions sexuelles. Certaines des présumées victimes sont également connues du grand public, ce qui a, bien entendu, largement contribué à la médiatisation du mouvement #MoiAussi. Le contexte impose ici qu’on s’interroge sur l’égalité homme-femme.
En septembre dernier, Louise Cordeau, présidente du Conseil du statut de la femme, dans une rare entrevue depuis sa nomination à la tête de l’organisme en février 2017, indiquait alors que l’égalité de droit était « presque acquise » suite à la sortie de la Stratégie gouvernementale pour l’égalité entre les femmes et les hommes vers 2021. Pour elle, nous sommes à l’heure de l’égalité de fait.
Où étiez-vous madame Cordeau ces derniers jours ?
On vous attendait. Il y avait tout lieu de réagir à ces dénonciations, de réagir aux postes de pouvoir qui semblent donner, à certains, un droit physique ou psychologique, sur leurs subalternes.
Mais non. Vous n’avez publié qu’un communiqué laconique et formaté dans lequel vous affirmez que « nous devons agir dès l’enfance et multiplier les efforts pour que notre société ne tolère plus cette violence ». Vous avez donc choisi de renvoyer la balle dans le camp du ministre Proulx, qui après sept ans d’expérimentation, n’a pas encore donné son aval pour un cours d’éducation à la sexualité !
Dans Le Devoir, la journaliste Catherine Lalonde cite la spécialiste des relations difficiles, des conflits et
du harcèlement, Chantal Aurousseau. « Tous les spécialistes s’entendent pour dire que ce qui marquerait vraiment un changement, ce serait un électrochoc du système judiciaire – depuis les services de la police jusqu’à la loi, en passant par la façon de l’appliquer – afin « qu’il n’y ait plus une femme sur trois, (…) qu’il n’y ait pas un homme sur quatre qui vivent un événement traumatique lié à leur genre » et qu’il y ait beaucoup, beaucoup plus que trois agressions sexuelles déclarées sur 1000 qui se concluent par une condamnation. »
Bien qu’il y ait eu beaucoup de chemin parcouru ces cinquante dernières années, l’égalité de droit entre les femmes et les hommes n’est pas encore complètement atteinte, et encore moins l’égalité de fait.
La commission Bird
Toujours dans Le Devoir, Camille Robert, candidate au doctorat en histoire à l’UQAM, nous rappelle qu’en 1967, une commission royale d’enquête sur la situation de la femme, mieux connue sous le nom de la commission Bird, voyait le jour sous la gouverne de Florence Bird.
Que retrouvait-on dans le rapport de la commission ? Des recommandations dénonçant les inégalités salariales, les
« différentes formes de préjugés sexistes dans la scolarisation primaire, secondaire et universitaire » ; la condition des femmes autochtones y était abordée tout comme « les écarts salariaux, la violence conjugale ou la sous-représentation des femmes en politique ».
Contraception et avortement sont également visés par une proposition de mise en place de services de planification des naissances. On y aborde même « l’absence de revenu d’emploi pour les ménagères », on propose en plus un revenu garanti « pour les personnes seules au foyer avec enfant à charge ».
Or, en juillet 2017, que retrouve-t-on dans la stratégie du gouvernement actuel ? « La volonté de mettre en place une éducation égalitaire et sans stéréotypes, l’autonomisation économique des femmes, un meilleur partage des responsabilités familiales, une parité dans les lieux décisionnels et des mesures contre la violence faite aux femmes ».
Une telle ressemblance, ça ne s’invente pas, malheureusement. Je laisse la conclusion à madame Robert : « Cinquante ans après la commission Bird, alors que l’équité salariale n’est toujours pas obtenue dans plusieurs secteurs d’emploi, que les femmes continuent à porter la charge mentale du travail ménager, que les meurtres conjugaux font régulièrement les manchettes, que les femmes autochtones sont quatre fois plus à risque d’homicide ou de disparition et que plusieurs Canadiennes n’ont toujours pas accès aux services d’avortement, force est de constater que les batailles à mener sont encore nombreuses. »