5 octobre 2017
Comment ? Pourquoi ?
Le cynisme ambiant qui entoure la politique est préoccupant. À ce moment-ci, vous vous dites que, de toute façon, vous n’y pouvez rien et qu’il n’y a rien à faire ? C’est faux. Concrètement, le changement commence par la réforme du mode de scrutin, pour que chaque voix compte.
Qu’est-ce qui ne vas pas ?
Le mode de scrutin actuel, majoritaire uninominal, entraîne beaucoup de problèmes : il donne tout le pouvoir à un parti qui n’a souvent pas récolté 40 % des voix, il nie le droit à la représentation des électeurs qui n’ont pas choisi un « gagnant » ou une « gagnante », il crée des distorsions importantes entre le pourcentage de votes et le pourcentage de sièges. De plus, il ne reflète pas le choix de la majorité, sans compter que les femmes et les minorités ethniques sont sous représentées.
Consensus historique
On discute d’une telle réforme depuis 40 ans au Québec. Il y a eu des États généraux en 2001, suivis d’une vaste commission parlementaire itinérante en 2005.
Il existe, en ce moment, une opportunité historique pour qu’une telle réforme se mette en branle. En décembre 2016, les partis d’opposition et les tiers partis se sont engagés à travailler conjointement dans l’élaboration d’un nouveau mode de scrutin proportionnel mixte d’ici les prochaines élections.
Qu’est-ce qu’un mode de scrutin proportionnel mixte ou compensatoire ?
C’est une option qui combine le scrutin majoritaire, système actuellement en place qui accorde le siège au candidat ayant obtenu la majorité relative des voix, et le scrutin proportionnel de liste. La combinaison de deux systèmes permet de compenser les lacunes de chacun.
On voterait donc à la fois, sur un même bulletin de vote, pour un candidat ou une candidate de circonscription et pour un parti politique qui présente une liste de candidats. On calquerait donc les 75 circonscriptions fédérales du Québec, avec l’ajout de deux sièges, Nunavik et Îles-de-la-Madeleine. Ce à quoi on ajoute 50 députés de listes, pour un total de 125 députés.
Le candidat ou la candidate qui a le plus de voix exprimées représentera la circonscription jusqu’aux prochaines élections. Les sièges restants seront répartis en fonction du pourcentage de voix obtenu par les partis par liste régionale. Le parti qui compte le plus de candidates et candidats formera le gouvernement (majoritaire ou minoritaire selon la proportion de sièges remportés).
Le scrutin mixte comporte plusieurs avantages : il reflète mieux la volonté populaire, il permet de conserver le poids politique des régions, il prend en compte chaque vote et il permet aux tiers partis d’avoir une voix.
Dans la mesure où des incitatifs seraient mis en place, il permettrait aussi une meilleure représentativité des femmes et des minorités ethnoculturelles, en favorisant, par exemple, l’alternance homme-femme dans les listes des candidats des partis.
Et nous ?
La Centrale des syndicats du Québec (CSQ), à laquelle le Syndicat de Champlain est affilié, milite aussi depuis une dizaine d’années en faveur d’un mode de scrutin proportionnel mixte comme nouveau modèle démocratique.
La CSQ adhère au Mouvement démocratie nouvelle, un organisme communautaire autonome qui regroupe des organisations ainsi que des citoyennes et des citoyens de toutes allégeances, qui s’unissent pour défendre le droit à une représentation plus juste et pour que la question du mode de scrutin n’appartienne plus exclusivement aux partis politiques.
Le Congrès de la Centrale s’est d’ailleurs prononcé sur la question en 2015. La CSQ mène actuellement un sondage pour valider les orientations adoptées et une décision sera prise au Conseil général d’octobre quant au modèle et aux principes que défendra la CSQ.
C’est pourquoi les personnes déléguées du Syndicat de Champlain ont été consultées lors des assemblées des deux dernières semaines. Vous trouverez d’ailleurs ici-bas la présentation qui y a été faite par la coordonnatrice du Syndicat, Sandra Boudreau.
Pourquoi mon syndicat s’en mêle-t-il ?
Parce qu’un des principes fondateurs du syndicalisme est la représentativité démocratique.
Le syndicalisme, c’est aussi un vecteur de changement social et pour améliorer nos capacités d’influence, il faut pouvoir évoluer dans un système politique où chaque voix compte. Pour que la parole citoyenne, et donc celle des membres que le Syndicat représente, puisse être mieux entendue et représentée, il faut changer le mode de scrutin.
Pour avoir le pouvoir de mettre l’éducation véritablement au jeu (et non pas seulement en faire un enjeu électoral) et exercer de l’influence, il faut être en mesure de questionner les députés sur des éléments qui nous touchent directement et d’avoir une action plus locale.
Contrairement à ce que certains pensent, tout cela n’est pas loin de nous, bien au contraire. Nos conditions de vie et de travail sont tributaires des décisions politiques.
Le sujet vous intéresse ? Compléments d’informations : ici et ici.
– Présentation Powerpoint de Sandra Boudreau, coordonnatrice : ici.
– Capsule As-tu deux minutes ? : ici.
– Capsule du Mouvement démocratie nouvelle : ici.