20 septembre 2017
L’édito du président
Soyons clairs : la maîtrise de la langue française par les enseignantes et les enseignants est primordiale et nécessaire. Que ce soit lors de la formation initiale des maîtres, dès l’entrée dans la profession ou tout au long de la carrière, on doit viser l’excellence quant à la connaissance de la langue française. Voilà qui est dit.
Cinquante-deux pour cent des étudiants réussissent leur TECFÉE du premier coup. Le taux de réussite passe à 80 % si on tient compte de ceux qui le réussissent à leur première reprise. Ces plus récents résultats des futurs enseignants au TECFÉE ont donné lieu à de sérieux dérapages sur le dos du corps enseignant. Commentateurs et pseudo- experts extrapolent à cœur joie et, sur- tout, font dire au test de français ce qu’il ne dit pas.
À les écouter, tous les étudiants qui s’inscrivent en enseignement sont, non seulement, mauvais en français, mais ils seraient médiocres dans tout ! Sans compter que le choix de carrière en enseignement se ferait par dépit, faute de n’avoir pu être accepté dans un autre programme.
Pourtant, si on analyse froidement, la situation est loin d’être aussi alarmiste, surtout en ce qui concerne la qualité des candidats qui optent pour l’enseignement. Vous le savez comme moi, il faut aimer notre travail au quotidien en plus d’avoir les aptitudes pour le faire, sinon on ne survit pas ! Ce n’est pas un hasard si près de 25 % des jeunes enseignants quittent dans les cinq premières années de pratique.
D’accord, peut-être que pour plusieurs, l’enseignement n’était pas nécessairement un premier choix. Est-ce vraiment si grave ? En quoi cela ferait-il d’eux de mauvais candidats de facto ?
J’entendais l’autre jour des animateurs de radio dire qu’ils aimeraient qu’un étudiant qui désire s’en aller en médecine choisisse plutôt l’enseignement pour rehausser le niveau de la profession… En quoi les aptitudes académiques d’un futur médecin sont-elles un gage de qualité pour la formation d’un futur enseignant ?
Et ces mêmes animateurs nous disent ensuite que l’enseignement est une vocation ! Il faudrait se brancher !
Et si la vérité se trouvait quelque part entre les deux : des collègues qui se sont toujours vu enseigner et d’autres qui ont choisi l’enseignement, parmi d’autres champs d’intérêts.
On parle aussi de l’importance d’augmenter l’intérêt pour la profession, pour améliorer le bassin de candidats. D’accord. Et si on améliorait les salaires, les conditions d’exercice de la profession, la tâche et les services ?
Il faut être culotté pour affirmer que les futurs enseignants sont médiocres à partir des résultats du TECFÉE uniquement.
Éric Gingras