14 juin 2017
Le billet de Mireille
L’enveloppe pour l’aide alimentaire a été réduite à des miettes dans plusieurs régions. Ça m’a ébranlée de savoir qu’une fois de plus, ce sont les élèves qui feront les frais d’une décision budgétaire prise il y a quelques années et que nous avions décriée. Pour nous faire avaler la pilule, le gouvernement avait échelonné la coupure sur quelques années. Nous y sommes, face aux résultats de cette coupe sauvage.
Le 31 mai dernier, La Presse dressait un portrait partiel de la situation, nous permettant de prendre la mesure de l’ampleur des coupures. À la Commission scolaire des Samares, dans Lanaudière, les sommes allouées pour l’aide alimentaire sont passées de 190 226 $ en 2014-2015 à 70 375 $ en 2016-2017. Tenez-vous bien : en 2017-2018, le budget sera de 7 081 $ !
À la Commission scolaire des Chic-Chocs, les sommes passent de 33 090 $ à 5 269 $, pour la Commission scolaire de la Rivière-du-Nord, de quelque 20 000 $ à zéro. Les Laurentides et l’Outaouais se retrouvent aussi à zéro. Nos commissions scolaires sont moins touchées, bien que Marie-Victorin connaisse une baisse d’environ 10 %.
Mange ta main, garde l’autre pour demain
Ces coupures touchent particulièrement les écoles secondaires. En pleine croissance, plusieurs adolescents n’auront plus droit à un repas convenable, que ce soit au déjeuner ou à l’heure du midi. Quelle ironie alors que le ministre Proulx s’apprête à déposer son plan sur la réussite éducative ! Ça me coupe carrément l’appétit…
Une fois de plus, l’égalité des chances pour toutes et tous est compromise. Que l’école soit lumineuse, bien pensée, feng shui, j’en suis. Mais peut-on s’assurer que les conditions de base pour l’apprentissage soient comblées ? Avoir le ventre plein, c’est une mesure qui a un impact direct sur la réussite éducative. Tous les intervenants du milieu scolaire peuvent en témoigner.
Quand ce gouvernement parle de s’attaquer au décrochage scolaire, ce n’est certes pas en coupant à la hache dans les mesures « sociales » des commissions scolaires qu’il y parviendra.
Déshabiller Pierre pour habiller Paul
L’attachée de presse du ministre Proulx confirme que l’enveloppe globale pour l’aide alimentaire a été reconduite et indexée, totalisant 7,7 millions $ pour l’année 2017-2018.
L’arrivée de nouvelles familles et de nouvelles constructions peuvent influencer l’indice du seuil de faible revenu (SFR) des quartiers entourant une école secondaire. Ce n’est pas parce qu’une école a vu son indice de défavorisation revu à la baisse que les élèves ayant faim ont pour autant disparu.
Québec, Gaspésie, Lanaudière, Outaouais, Laurentides, Rive-Nord, RiveSud de Montréal, partout au Québec les sommes diminuent de façon importante. On comprend que l’enveloppe budgétaire sert maintenant principalement les grands centres. Mais pourquoi donc couper l’aide de façon drastique en région et diminuer celle en bordure de Montréal ? Pour reprendre les mots de la présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE), Josée Scalabrini : « Pourquoi déshabiller Pierre pour habiller Paul ? »
Il est triste de constater qu’une fois de plus, une décision administrative a été prise, cautionnée par le ministre lui-même, sans que soient évaluées les conséquences dans les milieux, dans les régions.
La solution simple, humaine et altruiste aurait été d’augmenter la mesure budgétaire de l’aide alimentaire pour tenir compte des réalités des écoles secondaires des grands centres, sans pour autant oublier les besoins particuliers des écoles en région. Mais non… faute de pain, plusieurs mangeront de la galette.
Volte-face du ministre
En réaction au tollé provoqué par la coupe de l’aide alimentaire aux écoles secondaires, le ministre de l’Éducation vient d’annoncer qu’il étend la mesure budgétaire de celle-ci aux écoles cotées 8. Cette annonce ne peut être que saluée. Mais les sommes seront-elles à la hauteur du nombre d’écoles ajoutées ? Il ne faudrait pas déshabiller Paul pour rhabiller Pierre !
Le ministre semble avoir commencé ses annonces d’investissements à la pièce : 20 millions de plus aux garderies subventionnées lundi, aide alimentaire mardi. Mais à quand une vision d’ensemble sur la réussite éducative Monsieur le ministre ?