1 juin 2017
Le billet de Mireille
En début de semaine, La Presse publiait quelques articles sur la popularité au secondaire de l’école privée et de l’école publique et titrait : « Le privé gagne du terrain ». Pas encore, me suis-je dit.
Or, le titre, défaitiste pour le réseau public, est trompeur. S’il illustre bien la réalité des commissions scolaires de Montréal et de Laval, ailleurs au Québec, il en va tout autrement.
C’est notamment le cas sur la Rive-Sud. « Rive-Sud : le public gagne en popularité », peut-on d’ailleurs lire plus loin dans le dossier de La Presse. Que ce titre aurait été beau en première page ! Encore plus beau, j’aurais aimé lire « Le public gagne du terrain», mais bon…
On apprend donc que, pour la Commission scolaire des Patriotes, les élèves de sixième année quittent en moins grand nombre vers l’école privée. Entre 2011 et 2016, la proportion des élèves qui fréquentent une école publique en sixième année du primaire et qui optent pour le privé une fois au secondaire a chuté, passant de 23 % à 19,4 %.
Du côté de la Commission scolaire Marie-Victorin, la différence est encore plus notable. On parle d’une hausse de 11 % de la fréquentation du réseau public au niveau secondaire, soit 75,6 % en 2016-2017, en comparaison avec 64,5 % en 2011-2012.
Malheureusement, il n’y a pas de données pour la Commission scolaire de la Vallée-des-Tisserands.
Quand on pense aux coupures budgétaires récurrentes dans le réseau public lors des dernières années, cette hausse de la rétention des élèves doit être soulignée.
D’emblée, je pense ici au travail extraordinaire des enseignantes et des enseignants et du personnel de soutien des écoles secondaires pour tenir l’école à bout de bras… Le professionnalisme de celles et ceux qui font l’école est donc reconnu par les parents.
Mais ce phénomène s’explique aussi en partie par la multiplication et la popularité des projets particuliers. Toutes les écoles secondaires ont leur propre pro- gramme : arts, musique, sports, sports- études, sciences et technologie, sciences et plein air, international, langues, culture et communication. Il y en a pour tous les goûts ! Attractifs, ces projets permettent, à en croire les statistiques, de freiner la saignée vers le privé.
La journaliste Caroline Touzin pointe un élément important qui vaut la peine d’être souligné : « les concentrations sont désormais ouvertes à tous les élèves du territoire et la commission scolaire organise le transport pour les élèves de ces concentrations. » Ce qui est intéressant ici, c’est ce qu’on ne retrouve pas dans le texte !
Quand on pense projets particuliers, on pense à la sélection des élèves, à l’image de la très grande majorité des écoles privées.
Bien qu’il y ait des programmes où les notes sont l’un des critères de sélection, pour une majorité de ceux-ci, c’est plutôt l’intérêt des jeunes qui compte. Les exigences viennent après !
Comme ces programmes impliquent que d’autres cours soient donnés en moins d’heures, les élèves doivent réussir ceux-ci. Qu’ils soient EHDAA, réguliers ou performants, ils ont le même devoir. Les heures supplémentaires qu’ils peu- vent faire en arts, en sciences ou en sport ne peuvent faire en sorte que les cours du curriculum soient perçus comme moins importants.
Nous pensons que les projets particuliers doivent être démocratisés et ouverts le plus largement possible à l’ensemble des élèves, en fonction de leurs intérêts.
Être motivé à aller à l’école, à y demeurer, à persévérer, parce qu’une activité devient importante et source de victoires, c’est un privilège qui se doit d’être offert à toutes et à tous, quelle que soit leur situation. L’égalité des chances, c’est une école inclusive.
Ce sont de beaux projets et nous en sommes. Mais rappelons qu’ils peuvent très bien fonctionner en respectant les conventions collectives et les ententes.