3 mai 2017
Le billet de Mireille
On apprenait sous la plume de Daphnée Dion-Viens, dans le Journal de Québec du 24 avril dernier, que le ministre Proulx était inquiet du grand nombre de jeunes qui se retrouvent maintenant à l’éducation des adultes en comparaison d’il y a dix ans.
Difficile de comprendre son inquiétude, car il devait bien savoir, tout comme le reste du gouvernement auquel il appartient, que couper 1 milliard $ en éducation sur cinq ans, c’était nécessairement couper les services aux élèves. Et ces coupures au secteur des jeunes ont eu pour conséquence que plusieurs élèves ont compris, eux, qu’ils n’atteindraient pas leur but par la voie régulière.
Comme, malheureusement, les élèves n’ont plus l’obligation d’attendre une année avant de pouvoir transférer aux adultes, ils font le saut plus rapidement. Certains parce qu’ils pensent que ce sera plus facile, d’autres parce qu’ils ont compris qu’ils avaient besoin de plus de temps pour apprendre. D’autres encore ont fait le pas après avoir subi de l’intimidation, une opération et sa convalescence, etc.
« M. Proulx espère que l’intervention précoce, dès les premières années du primaire, et les changements qu’il promet dans les services offerts aux élèves en difficulté dans le réseau scolaire permettront éventuellement de garder davantage de jeunes dans les écoles secondaires. »
Je l’espère aussi ! Mais en attendant, on fait quoi ? Parce que les jeunes qui arrivent à l’éducation des adultes ont toujours leurs problématiques, tout comme les adultes qui reviennent sur les bancs d’école. Et ça continuera d’être vrai pendant les douze prochaines années au moins, le temps de voir si l’intervention précoce aura eu son effet.
En attendant, le ministre Proulx ferme les yeux sur les codes des élèves qui disparaissent entre les deux secteurs. Ce faisant, il voit des élèves guéris et ne se sent pas l’obligation de leur offrir des services à la hauteur de leurs besoins.
Cette réalité a été fréquemment abordée, au cours des dernières années, par notre fédération, notre syndicat, les journaux. C’était également une demande lors de la dernière négociation.
Certes, le dernier budget parle de 205 millions $ sur 5 ans pour l’ajout de ressources au secondaire, en FP et à l’ÉDA en services directs aux élèves dès 2017-2018. Toutefois, de ces millions, 151 arriveront après la prochaine élection provinciale… et 54 millions seulement durant les deux premières années pour les trois secteurs. Ça sent drôle.
Dans ce contexte difficile, la réforme arrive au 2e cycle du secondaire à l’éducation des adultes. Le ministère de l’Éducation semble ne pas avoir appris des ratées depuis l’arrivée de celle-ci en 2000 : le matériel n’est pas prêt, l’ensemble des examens ne l’est pas non plus. Bref, une fois de plus, on a déversé la charrette sur le dos des enseignantes et des enseignants.
Pour ajouter une couche de glaçage, pas un mot du ministre sur le financement aux adultes. Sans entrer dans les détails, qui sont nombreux, celui-ci est basé sur la photo prise deux ans auparavant. Et on s’entend, en deux ans, les choses peuvent changer…
Bien que les Ricardo de ce monde sauront nous trouver les solutions pour l’école du futur, qu’en est-il pour l’école du présent ?