24 janvier 2017
Les étudiants de la Faculté des sciences de l’éducation de l’UQAM votent la grève
La mobilisation dans le dossier de la rémunération des stages en enseignement vient de prendre un tournant. Le 13 janvier dernier, en assemblée générale, les membres de l’Association des étudiants de la Faculté des sciences de l’éducation (ADEESE) de l’UQAM ont voté la tenue d’une journée de grève le 16 février prochain.
Fait inhabituel : cette journée de grève affectera également les stages. Sachez donc que si vous êtes enseignant associé et que vous accueillez un stagiaire de l’UQAM cet hiver dans votre classe, son absence est à prévoir pour cette date !
Préoccupation majeure pour les étudiants en enseignement, la question de la rémunération des stages revient périodiquement dans l’actualité. Or, comme l’indique Antoine Pigeon, responsable des affaires externes de l’ADEESE en entrevue, cette fois, il semble bien que les astres s’alignent dans ce dossier.
Salariat étudiant : une conjoncture favorable
D’abord, il rappelle que l’ADEESE a adopté à l’automne 2014 une position en faveur de la rémunération des stages en enseignement. L’association mène depuis une campagne active d’information et de mobilisation sur le sujet, notamment en collaboration avec d’autres associations étudiantes (CRAIES).
« Pour plusieurs étudiants, la question a toujours été sur la table. Ils en entendent parler depuis le début de leur bacc, ils ont vécu la montée de la mobilisation dans le dossier. Ces mêmes étudiants arrivent maintenant à leur stage final et ils prennent la mesure de ce que ça implique pour eux, au quotidien, financièrement. »
Il rappelle que non seulement les étudiants doivent payer pour leur stage, puisqu’il s’agit d’un cours en soi et que des frais de scolarité sont associés à ces crédits, mais qu’il est difficile de travailler en plus de mener des études à temps plein et de faire un stage, tout particulièrement pendant le stage final.
Antoine Pigeon ajoute que la conjoncture est plutôt favorable pour la lutte pour le salariat étudiant et que des avancées sont faites sur la question de la rémunération des stages en éducation.
« Les organisations qui parlent de salaire étudiant sont de plus en plus nombreuses. La question du salaire minimum à 15 $ de l’heure occupe aussi une place importante dans l’espace public. On parle beaucoup de l’endettement des Québécois et Québécoises, et nous pensons qu’il faut aussi parler de l’endettement étudiant. Pour nous, ces enjeux se rejoignent. Les astres s’alignent en quelque sorte. »
16 février : Rendez-vous national de la main-d’œuvre
Pas si étonnant donc que la proposition d’un vote de grève ait émané de l’assemblée le 13 janvier dernier, signe que les étudiants souhaitent porter leur message plus haut et plus fort.
« Ce n’était pas une proposition amenée par l’exécutif, confirme Antoine Pigeon. Ça vient vraiment des membres, ce qui démontre à quel point c’est un enjeu qui leur tient à cœur. »
La date du 16 février n’a évidemment pas été choisie au hasard. À l’initiative du gouvernement du Québec, un Rendez-vous national sur la main-d’œuvre se tiendra les 16 et 17 février prochain à Québec, où sont attendus des dizaines de représentants de groupes socio-économiques, du monde de l’éducation ainsi que du milieu municipal. Formation et arrimage des institutions d’enseignement au marché du travail sont à l’ordre du jour, des sujets qui les concernent tout particulièrement. Bien qu’ils n’aient pas été conviés, les étudiants entendent faire connaître leurs revendications.
« Nous irons manifester en solidarité avec d’autres associations étudiantes, soutient Antoine Pigeon. Le 16 février, c’est la question globale du salariat étudiant qui sera au jeu, incluant l’aspect de la rémunération des stages. » D’autres associations étudiantes uqamiennes doivent aussi se prononcer prochainement sur la tenue d’une journée de grève pour participer au rassemblement du 16 février.
Impossible de passer outre la comparaison entre les stages non rémunérés en enseignement, une profession à forte prédominance féminine, alors que de nombreux milieux à prédominance masculine ont des stages rémunérés, comme dans les secteurs de génie par exemple, voire même le compagnonnage dans la construction.
«Pour nous, chose certaine, le 16 février ne marque pas la fin de la mobilisation. Nous aurons l’occasion d’en reparler! », lance en souriant Antoine Pigeon, indiquant que l’ADEESE doit tenir à l’intérieur des trois semaines suivant le 16 février une autre assemblée générale pour déterminer la suite des choses.
Communication avec les milieux de stage
Règle générale, rappelle Antoine Pigeon, les journées de grève ne s’appliquent pas aux stages. Or, cette fois, le libellé voté par les membres est clair. « Nous sommes actuellement en discussion avec le Bureau de la formation pratique de l’UQAM. Ce qu’on veut, c’est que les étudiants qui ne se présenteront pas en classe le 16 février n’aient aucune conséquence dans leur stage et leur note dans le cours stage. Le but est évidemment de n’avoir aucune évaluation par les superviseurs cette journée-là. Mais tout est en discussion pour le moment. »
Bien entendu, l’ADEESE a demandé à ses membres de discuter de la situation avec les enseignants associés. « On veut que tout se passe bien dans les milieux et que ça se fasse correctement. On veut que nos bonnes relations demeurent. Mais on pense qu’il y a moyen de discuter de cet enjeu important ouvertement avec les enseignants. »